L'école buissonnière...

Le quotidien d'un enseignant est réglé comme du papier à musique... Depuis 7h15 le matin, à mon départ vers 15h45, je suis toujours où je dois être... Sur mon «X»... Tout est réglé au son des cloches. Je n'ai que très peu de marge de manoeuvre. Et ça me convient tout à fait! J'ai besoin de ça... Je suis nulle en auto-gestion... Déjà qu'il faut que je gère ma liste de choses à faire... Même là, je réussis à me faire un horaire coupé au quart de tour... Lundi, je fais ci, mardi ça...

Sauf, que je peux placer mon temps de nature personnel où je veux et j'arrive parfois à me grapiller assez de temps pour pouvoir rentrer plus tôt les soirs où mes élèves terminent en anglais. Comme aujourd'hui. Je compte sur mes doigts les mercredis où j'y suis arrivée. Habituellement, j'ai toujours quelqu'un qui veut me rencontrer, un parent à rappeler, une urgence à régler... Mais en théorie, je suis libre de partir.
Je suis autorisée! Mon patron sait! Je ne commets aucun délie. Mais le plaisir réside dans le fait de quitter sur la pointe des pieds. Alors que j'entends des collègues rabrouer celui-ci ou marteler des pourcentages dans les têtes des autres, je frôle les mures jusqu'au stationnement.

Quel plaisir de partir sur la pointe des pieds. Une fois la voiture sur l'autoroute, c'est encore mieux! Je mets de la musique très forte et je me sens complètement libre! Je ne devrais pas être là, mais je suis là! Tassez-vous, «I'm freeeeeeeeee!»
Si je suis assez vite, je vais pouvoir attraper la chronique de Christopher Hall sur La musique classique pour les nulles à la radio...
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Je ne le dis jamais fort... Ça fait pédant et prétentieux...  Mais j'ai étudié la musique classique pendant 10 ans. 5 ans de piano au primaire et 5 ans de concentration musique classique à Pierre-Laporte. 5 années de pur bonheur. Quand j'y pense aujourd'hui, je ne serais pas où je suis aujourd'hui sans cette discipline que l'étude de la musique classique impose. Professeur de clarinette dictateur et Polonais (pléonasme?) que j'aimais malgré sa tyrannie des saoudites gammes. Chorale, orchestre de chambre et de grand ensemble... Concert, passer des heures debout sur des podiums à attendre que tout le monde s'accorde. De longues heures de répétition par de caniculaires journées de juin. Et on aimait ça... On en redemandait même! JAMAIS je n'aurais complété des études universitaires sans ce fond de discipline que j'ai acquis là par la force des choses. 

Je n'ai pas poursuivi. Dommage pour certain, normal pour moi. Je n'avais pas ce qu'il fallait. Beaucoup de musicalité, mais pas la minutie qu'exige cette profession. 
Assise dans ma voiture, écoutant une chronique sur le hautbois, je revois encore Noémie téter son anche a toute heure du jour pour qu'elle soit parfaite le moment venu. 
Même si l'adolescence n'est pas un souvenir que j'aime évoquer, je suis porter par des souvenirs délicieux.

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C'est bon d'avoir l'impression de ne pas être où on devrait. Se libérer de son «X». Faire l'école buissonnière... 

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