J’ai la terrible tâche cette année de trouver 10 choses pour lesquelles
je dois dire Merci… Jamais depuis le début de cet exercice annuel, j’ai eu tant
de mal à trouver 10 choses pour lesquelles je peux dire merci.
2014, année du décès de ma maman, je suis arrivée à trouver facilement
10 choses pour lesquelles dire « Merci ». Il n’y avait jamais
pourtant eu moment où j’avais été plus en colère dans toute ma vie. Colère
d’avoir perdu ma branche maîtresse, oui, mais en colère qu’elle soit parti Là,
à ce moment. La colère du fait que j’avais la cruelle impression qu’on venait
me tirer un tapis sous les pieds alors que j’avais ENFIN l’impression que les
portes de la vie toute puissante s’ouvraient devant moi. L’étrange sentiment
qu’on me demandait d’attendre alors que j’avais enfin l’élan qu’il me fallait pour
choisir ce que j’avais envie pour la suite.
Malgré toute cette colère, j’ai terriblement appris de cela et je suis
arrivée facilement à remercier la vie pour tout ça.
Mais j’ai attendu longtemps que cet élan revienne. Et j’ai la
désagréable impression que j’ai attendu tout ce temps pour rien. Il ne
reviendra pas. Je vais devoir pédaler de toutes mes forces pour retrouver cette
vitesse de croisière.
Mais je pense que parfois, un exercice nécessite un certain effort. Et
l’effort est aujourd’hui. Mais peut-être que ce ne sera pas 10..
1. Merci à mon cerveau d’avoir survécu
Je ne sais pas si ça se peut? Il n’a pas grillé. Je n’en reviens pas. Je
ne sais pas comment il y est arrivé! Alors je vais finir par croire qu’on
survit à tout tant qu’on le veut bien. La perte d’une amie chère, de fausses
accusations de voie de fait, tentions familiales… Et c’est seulement ce sur
quoi je peux mettre des mots… J’ai eu l’impression qu’à un moment, le
« breaker » allait sauter. Pis rien n’a sauter.
2. Merci à moi d’avoir accepté de
consulter
On me l’a proposé… Je n’en reviens pas d’avoir eu l’humilité de
l’accepter. Moi, je suis forte! Moi, je suis capable! Moi, je n’ai pas peur
d’affronter les difficultés. Moi, je n’ai pas peur de vivre les émotions
fortes ou douloureuses! Mais j’ai eu peur. J’avais peur de ne plus jamais être capable d’avoir
de plaisir dans une salle de classe avec mes élèves. J’avais peur d’être
terrorisée jusqu’à la fin de mes jours d’être faussement accusée de quelque
chose. Ajoutez là-dessus tous les petits trucs. Je suis convaincue que ce
« Oui, je vais aller consulter! » m’a sauvé en quelque sorte.
3. Merci à la vie de m’avoir fait
comprendre les symptômes du Burn out
avant qu’il ne s’installe définitivement
Chaque fois que je suis fatiguée, je me demande si c’est possible que je
le sois plus encore. Combien de fois j’ai repoussé les inquiétudes bienveillantes
de mes proches sur mon état. « Non, je ne suis pas dépressive! »
« Non, je ne suis pas en burn out!
Donnez-moi un été de vacances et tout rentrera dans l’ordre! » Au point où
je me suis inquiétée de ma capacité à reconnaître le Burn out s’il se présentait à moi. J’étais peut-être en Burn Out pis je ne le savais même pas?
En même temps, je continuais à me lever chaque matin et aller affronter le
boulot. Jusqu’au jour où, en rentrant du travail, je retournais un problème dans
ma tête, comme je le fait souvent toujours et j’ai eu la désagréable
impression de me laisser glisser dans le vide sans pouvoir arrêter de penser.
Certains ont déjà vécu l’expérience, être incapable de courir dans notre rêve
même si le danger est éminent. C’est TRÈS exactement le genre de panique que
j’ai ressenti lorsque j’ai pris conscience que mon cerveau n’arrivait plus à
s’arrêter de penser au travail. Ce n’était pas juste une fatigue intense!
C’était un état d’esprit effroyable! J’ai dit à mon homme « Je pense que
je suis au bord du Burn Out! »
Et juste de le verbaliser, on dirait que ça a eu pour effet de ralentir la
patente et j’ai pu reprendre mon souffle. J’ai vu, à rebours, des signes qui
auraient dû être des signaux et que j’avais choisi d’ignorer. Entre autres, le
fait que j’avais commencé l’année scolaire sans me sentir réellement reposée.
C’est difficile la rentrée! C’est épuisant la rentrée. Mais je voulais montrer
l’exemple. Montrer que je suis bonne. Mais je n’ai pas compris ce que ça
impliquait de faire marcher le moteur à plein régime quand il n’y a plus
d’huile pour lubrifier le tout.
4. Merci pour ce vent de changement au
travail… Il était temps…
Ça fait très drôle de faire ces remerciements, un à la suite de l’autre.
Mais l’an dernier, j’ai des collègues qui ont choisi qu’il était temps de
changer d’air! Une fois le choc passé, j’ai cru très profondément que c’était
le signe de renouveau que j’attendais depuis si longtemps. Et je ne m’étais pas
trompée. Quoique l’adaptation ne soit pas 100% facile à faire, il est frais, il
revigore. J’avais besoin de me faire fouetter un peu et ce fût fait. Et c’est
salutaire même si parfois, quand ta toute jeune collègue te prouve
mathématiquement parlant que tu aurais pu lui enseigner. Ça écorche un peu…
5. Merci d’être encore en vie…
Je m’explique… Je n’ai pas failli mourir (merci mon Dieu!!!). Mais j’ai
perdu une amie très très chère cette année. Une femme qui avait deux enfants,
qui avait 2 mois de différence avec moi et qui mordait de la même façon que moi
dans la vie. Je l’adorais. Et un jour, elle a descendu l’escalier et n’est
jamais remontée. Tout bête comme ça. Alors je me lève chaque matin avec le réel
sentiment « Et si c’était aujourd’hui la fin? ».
6. Merci de ne pas avoir envie de
vieillir
Mon statut de « toutoune » m’a longtemps protégé de la peau
qui fripe et du collagène qui s’effondre. Mais les 4 dernières années ont fait
leurs ravages. Donc, mon corps me montre déjà que je n’échapperai pas au temps.
Et on aura beau me dire que je n’ai pas changé, que je suis toujours aussi
belle…
Ce qui est le plus difficile, c’est l’incohérence qu’il y a entre l’âge
de mon corps et l’âge de ma tête et de mon cœur. Comme si les 10 ans que j’avais
consacrés à la maternité avait créé une distance entre mon âge corporel qui lui
a continué à progresser, voir même plus rapidement, et mon âge émotif qui s’est
arrêté, le temps d’aimer ces trois petites choses. Et que maintenant qu’elles
peuvent vivre sans mon regard constant, mon âge affectif avait repris du
service. Sauf qu’il a vécu en disette pendant ce temps et réclame à grand coup
d’être hyper stimulé! Donc il ne se satisfait pas d’un sourire, d’un petit
bonheur tout simple! Mon âge a besoin d’être chouchouté. Il aurait besoin de
couchés de soleil sur la mer d’Honolulu, du bruit incessant de Londres, de la
promesse du grand amour, ne serait-ce que quelques secondes…
Ce que vous avez eu à surmonter qui vous ont appris ou rappelé d’importantes
leçons :
Euh? J’ai l’impression que cette année n’a été qu’une seule et grande
leçon d’humilité. Ce que tu crois être acquis? BAM! Dans les dents! L’amitié?
La confiance? Le calme? BAM! BAM! BAM! Et disons que j’ai peur de prendre
encore quelques vagues en plein visage cette année. Je devrais peut-être
prendre un cours de cynisme ou d’auto-défense émotionnelle?
Une fois le bilan fait, visualisez l’année qui vient :
1- Un objectif personnel :
Apprendre à mieux communiquer mes besoins et mes désirs. Voilà! C’est
dit! Ne pas prétendre que c’est clair et qu’on le verra! Le dire. L’exprimer et
me pas avoir peur qu’on me repousse pour l’avoir dit.
2- Un objectif professionnel
Prendre plus de risques. Avancer! Aller dans des zones inconnues! Mais
surtout, me recentrer sur ce que j’ai VRAIMENT envie de faire : Enseigner!
Même si ça implique que je fasse de gros changements!
3- Une force à exploiter plus :
Ma détermination…
4- Un nouvel apprentissage à faire :
Faire confiance. Et je ne sais pas comment je vais m’y prendre.
Confiance en les gens, en la vie. Accepter que les choses ne soient pas comme
je les avais estimées, mais les prendre comme elles viennent si elles atteignent
leur objectif.
Accepter les compliments et les Merci sans croire que je ne les mérite
pas. Arrêter de croire que je ne mérite
pas ce que j’ai ou ce qu’on m’offre. Arrêter de croire que je ne mérite pas d’être
aimée ou que je ne mérite pas de l’être.
5- Une bonne action :
Cet item m’embête toujours un peu. Quitte à paraître prétentieuse, j’ai
l’impression que ma vie est une bonne action au quotidien. J’écoute mes amis, j’offre
réconfort et sécurité à mes élèves même si ce n’est pas dans mon mandat parce
qu’ils en ont besoin. Je répondrai toujours présente si quelqu’un a besoin d’aide,
mais je refuse de planifier la chose…
Et ce que j'ajoute cette année:
1) Ce que je ne veux plus:
La peur de ce que les gens vont penser
2) Ce dont je veux plus:
Du doux! Plus de trucs que MOI j'aime: restaurants, de films bouleversants, du temps pour n'être que moi.
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