Bilan 2017 - J'ai besoin de doux, de champagne et de légèreté...


J’ai la terrible tâche cette année de trouver 10 choses pour lesquelles je dois dire Merci… Jamais depuis le début de cet exercice annuel, j’ai eu tant de mal à trouver 10 choses pour lesquelles je peux dire merci.
2014, année du décès de ma maman, je suis arrivée à trouver facilement 10 choses pour lesquelles dire « Merci ». Il n’y avait jamais pourtant eu moment où j’avais été plus en colère dans toute ma vie. Colère d’avoir perdu ma branche maîtresse, oui, mais en colère qu’elle soit parti Là, à ce moment. La colère du fait que j’avais la cruelle impression qu’on venait me tirer un tapis sous les pieds alors que j’avais ENFIN l’impression que les portes de la vie toute puissante s’ouvraient devant moi. L’étrange sentiment qu’on me demandait d’attendre alors que j’avais enfin l’élan qu’il me fallait pour choisir ce que j’avais envie pour la suite.
Malgré toute cette colère, j’ai terriblement appris de cela et je suis arrivée facilement à remercier la vie pour tout ça.

Mais j’ai attendu longtemps que cet élan revienne. Et j’ai la désagréable impression que j’ai attendu tout ce temps pour rien. Il ne reviendra pas. Je vais devoir pédaler de toutes mes forces pour retrouver cette vitesse de croisière.

Mais je pense que parfois, un exercice nécessite un certain effort. Et l’effort est aujourd’hui. Mais peut-être que ce ne sera pas 10..
1.    Merci à mon cerveau d’avoir survécu
Je ne sais pas si ça se peut? Il n’a pas grillé. Je n’en reviens pas. Je ne sais pas comment il y est arrivé! Alors je vais finir par croire qu’on survit à tout tant qu’on le veut bien. La perte d’une amie chère, de fausses accusations de voie de fait, tentions familiales… Et c’est seulement ce sur quoi je peux mettre des mots… J’ai eu l’impression qu’à un moment, le « breaker » allait sauter. Pis rien n’a sauter.
2.    Merci à moi d’avoir accepté de consulter
On me l’a proposé… Je n’en reviens pas d’avoir eu l’humilité de l’accepter. Moi, je suis forte! Moi, je suis capable! Moi, je n’ai pas peur d’affronter les difficultés. Moi, je n’ai pas peur de vivre les émotions fortes ou douloureuses! Mais j’ai eu peur. J’avais peur de ne plus jamais être capable d’avoir de plaisir dans une salle de classe avec mes élèves. J’avais peur d’être terrorisée jusqu’à la fin de mes jours d’être faussement accusée de quelque chose. Ajoutez là-dessus tous les petits trucs. Je suis convaincue que ce « Oui, je vais aller consulter! » m’a sauvé en quelque sorte.

3.    Merci à la vie de m’avoir fait comprendre les symptômes du Burn out avant qu’il ne s’installe définitivement
Chaque fois que je suis fatiguée, je me demande si c’est possible que je le sois plus encore. Combien de fois j’ai repoussé les inquiétudes bienveillantes de mes proches sur mon état. « Non, je ne suis pas dépressive! » « Non, je ne suis pas en burn out! Donnez-moi un été de vacances et tout rentrera dans l’ordre! » Au point où je me suis inquiétée de ma capacité à reconnaître le Burn out s’il se présentait à moi. J’étais peut-être en Burn Out pis je ne le savais même pas? En même temps, je continuais à me lever chaque matin et aller affronter le boulot. Jusqu’au jour où, en rentrant du travail, je retournais un problème dans ma tête, comme je le fait souvent toujours et j’ai eu la désagréable impression de me laisser glisser dans le vide sans pouvoir arrêter de penser. Certains ont déjà vécu l’expérience, être incapable de courir dans notre rêve même si le danger est éminent. C’est TRÈS exactement le genre de panique que j’ai ressenti lorsque j’ai pris conscience que mon cerveau n’arrivait plus à s’arrêter de penser au travail. Ce n’était pas juste une fatigue intense! C’était un état d’esprit effroyable! J’ai dit à mon homme « Je pense que je suis au bord du Burn Out! » Et juste de le verbaliser, on dirait que ça a eu pour effet de ralentir la patente et j’ai pu reprendre mon souffle. J’ai vu, à rebours, des signes qui auraient dû être des signaux et que j’avais choisi d’ignorer. Entre autres, le fait que j’avais commencé l’année scolaire sans me sentir réellement reposée. C’est difficile la rentrée! C’est épuisant la rentrée. Mais je voulais montrer l’exemple. Montrer que je suis bonne. Mais je n’ai pas compris ce que ça impliquait de faire marcher le moteur à plein régime quand il n’y a plus d’huile pour lubrifier le tout.

4.    Merci pour ce vent de changement au travail… Il était temps…
Ça fait très drôle de faire ces remerciements, un à la suite de l’autre. Mais l’an dernier, j’ai des collègues qui ont choisi qu’il était temps de changer d’air! Une fois le choc passé, j’ai cru très profondément que c’était le signe de renouveau que j’attendais depuis si longtemps. Et je ne m’étais pas trompée. Quoique l’adaptation ne soit pas 100% facile à faire, il est frais, il revigore. J’avais besoin de me faire fouetter un peu et ce fût fait. Et c’est salutaire même si parfois, quand ta toute jeune collègue te prouve mathématiquement parlant que tu aurais pu lui enseigner. Ça écorche un peu…

5.    Merci d’être encore en vie…
Je m’explique… Je n’ai pas failli mourir (merci mon Dieu!!!). Mais j’ai perdu une amie très très chère cette année. Une femme qui avait deux enfants, qui avait 2 mois de différence avec moi et qui mordait de la même façon que moi dans la vie. Je l’adorais. Et un jour, elle a descendu l’escalier et n’est jamais remontée. Tout bête comme ça. Alors je me lève chaque matin avec le réel sentiment « Et si c’était aujourd’hui la fin? ».
6.    Merci de ne pas avoir envie de vieillir
Mon statut de « toutoune » m’a longtemps protégé de la peau qui fripe et du collagène qui s’effondre. Mais les 4 dernières années ont fait leurs ravages. Donc, mon corps me montre déjà que je n’échapperai pas au temps. Et on aura beau me dire que je n’ai pas changé, que je suis toujours aussi belle…
Ce qui est le plus difficile, c’est l’incohérence qu’il y a entre l’âge de mon corps et l’âge de ma tête et de mon cœur. Comme si les 10 ans que j’avais consacrés à la maternité avait créé une distance entre mon âge corporel qui lui a continué à progresser, voir même plus rapidement, et mon âge émotif qui s’est arrêté, le temps d’aimer ces trois petites choses. Et que maintenant qu’elles peuvent vivre sans mon regard constant, mon âge affectif avait repris du service. Sauf qu’il a vécu en disette pendant ce temps et réclame à grand coup d’être hyper stimulé! Donc il ne se satisfait pas d’un sourire, d’un petit bonheur tout simple! Mon âge a besoin d’être chouchouté. Il aurait besoin de couchés de soleil sur la mer d’Honolulu, du bruit incessant de Londres, de la promesse du grand amour, ne serait-ce que quelques secondes…

Ce que vous avez eu à surmonter qui vous ont appris ou rappelé d’importantes leçons :
Euh? J’ai l’impression que cette année n’a été qu’une seule et grande leçon d’humilité. Ce que tu crois être acquis? BAM! Dans les dents! L’amitié? La confiance? Le calme? BAM! BAM! BAM! Et disons que j’ai peur de prendre encore quelques vagues en plein visage cette année. Je devrais peut-être prendre un cours de cynisme ou d’auto-défense émotionnelle?

Une fois le bilan fait, visualisez l’année qui vient :

1-    Un objectif personnel :
Apprendre à mieux communiquer mes besoins et mes désirs. Voilà! C’est dit! Ne pas prétendre que c’est clair et qu’on le verra! Le dire. L’exprimer et me pas avoir peur qu’on me repousse pour l’avoir dit.

2-    Un objectif professionnel

Prendre plus de risques. Avancer! Aller dans des zones inconnues! Mais surtout, me recentrer sur ce que j’ai VRAIMENT envie de faire : Enseigner! Même si ça implique que je fasse de gros changements!  

3-    Une force à exploiter plus :

Ma détermination…

4-    Un nouvel apprentissage à faire :

Faire confiance. Et je ne sais pas comment je vais m’y prendre. Confiance en les gens, en la vie. Accepter que les choses ne soient pas comme je les avais estimées, mais les prendre comme elles viennent si elles atteignent leur objectif.

Accepter les compliments et les Merci sans croire que je ne les mérite pas.  Arrêter de croire que je ne mérite pas ce que j’ai ou ce qu’on m’offre. Arrêter de croire que je ne mérite pas d’être aimée ou que je ne mérite pas de l’être.
5-    Une bonne action :
Cet item m’embête toujours un peu. Quitte à paraître prétentieuse, j’ai l’impression que ma vie est une bonne action au quotidien. J’écoute mes amis, j’offre réconfort et sécurité à mes élèves même si ce n’est pas dans mon mandat parce qu’ils en ont besoin. Je répondrai toujours présente si quelqu’un a besoin d’aide, mais je refuse de planifier la chose…

Et ce que j'ajoute cette année: 

1) Ce que je ne veux plus:

La peur de ce que les gens vont penser

2) Ce dont je veux plus:

 Du doux! Plus de trucs que MOI j'aime: restaurants, de films bouleversants, du temps pour n'être que moi. 


Commentaires

Caroline a dit…
Très touchant ce que Je viens de lire..... M'oblige à une réflexion
Manon a dit…
Belle introspection. Bonne année Catherine!