Un jour, j’ai eu l’impression qu’on m’abandonnait. Dans ma
petite tête de petite fille de 6 ans, je ne pouvais pas comprendre que ce n’était
pas moi qu’on abandonnait. C’était un choix d’adulte pour permettre à tout le
monde de survivre. Mais la petite fille en moi a eu l’impression qu’on l’abandonnait
et depuis ce jour, je vis quotidiennement avec ce sentiment d’abandon.
Comme la vie est drôlement fait, on dirait qu’elle s’est
chargée de me construire sur ce sentiment, mais d’une bien drôle de façon. Je suis abonnée aux amitiés
longues distances. Tous les gens qui m’aiment ont quitté à un moment ou à un
autre, temporairement ou définitivement. Ou parfois, les amitiés se sont
tissées à distance me forçant à créer des liens improbables.
Je pourrais faire la liste ici de tous ceux qui sont loin,
mais ça ne servirait pas le propos. J’ai quelques amis proches, mais je vis
toujours comme s’ils étaient loin. Merci les nouvelles technologies de me
permettre de vivre quelques fois en pointillés ces bouts d’amitié.
Cette réalité me fait avoir de bien drôles de réactions
parfois. Souvent, je m’accroche à quelqu’un avec l’énergie du désespoir. Montre-moi
que tu tiens un peu à moi… Juste un peu… Et parfois, je laisse volontairement
une mer symbolique se tisser entre les autres et moi… Question que je ne revive
pas cette blessure d’ego que j’ai vécu 100 fois. Même si je sais que seul un
pont nous sépare.
Mais les moments les plus forts, c’est quand on se retrouve.
Quand nos chemins se croisent. Cette année, j’ai eu une année difficile. J’ai
eu beaucoup de soutien d’amis proches, mais beaucoup ont vécu ça avec moi à
distance et JAMAIS je ne me suis sentie abandonnée même si ces amis étaient à
des centaines, voir des milliers de kilomètres de moi. Je me suis sentie portée
par ces milliers d’électrons qui pensaient à moi chaque jour.
Mais malgré cet appuie, rien ne vaut ces moments que l’ont
passe ensemble à boire, rigoler, se chuchoter des secrets dans le blanc des
yeux, à se dire que ce moment est parfait, à se serrer dans nos bras en se
murmurant des «Je t’aime» dans le creux du cou.
J’aurai toujours peur d’être abandonnée. Trente ans plus
tard, on dirait que se sentiment est encré dans mon code génétique. Mais j’apprivoise
mieux les silences, les blancs, les kilomètres… J'apprivoise mieux ces mers...
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