On a eu chaud...

Chéri trouve qu’il faut un peu me tirer l’oreille pour me faire essayer des trucs nouveaux... Mouain… Ça dépend pourquoi. Je suis souvent à la recherche de trucs où je ressens du calme et du bien-être… Quand je l’ai trouvé… Quand je SAIS que je vais aimer ça et me sentir bien… Le reste du temps, j’adore essayer de nouveaux trucs.
Sauf qu’en vieillissant, avec un boulot pas trop simple, trois enfants, les moments où je me sens bien, calme se font de plus en plus rares. Donc, expérimenter, quand mes temps libres sont limités, pourquoi j’en perdrais seulement une miette? Pourquoi je risquerais, ne serait-ce une minute, de mon précieux temps libre pour risquer de me ramasser à faire quelque chose qui me donne ZÉRO plaisir?
Ça nous donne souvent des discussions du genre :
-     Allez! Chérie! D’un coup que ça serait mieux?
-     Et d’un coup que c’est pire…
Comme je suis nulle en négociation, 99% du temps, je lui cède et 99,99%, il a raison. Merci Mon Dieu, il n’est pas du genre «Je te l’avais dit!» Le divorce aurait déjà été prononcé.
* * *
Mais, merci doux Jésus, il y a des trucs qui ne changent pas. J’ai perdu ma plage de sable blanc en Ontario, j’ai perdu ma traditionnelle randonnée sur le canal Chambly. MAIS! Mais… J’ai conservé MA bibliothèque, MON Auberge du chien noir le lundi (même si je trouve ça poche, allez savoir pourquoi j’y tiens) et MA Toyota!
J’ai surtout gardé MON restaurant vietnamien! C’est pas un secret. Celui qui est sur St-Denis au coin de Jean-Talon. Depuis que chéri est venu s’installer avec moi à Montréal, c’était NOTRE soupe tonkinoise. Si on a envie d’une soupe, on traverse la ville et on atterrit là.
Les serveurs ont changé, le menu a été imprimé sur une photocopieuse au lazer. Et même au même restaurant, je-mange-la-même-chose! Un rouleau du printemps avec une soupe moyenne au bœuf saignant. J’écrase dans mon gigantesque bol deux quartiers de lime, je ne mets pas de fèves germées, j’y déchiquette une poignée de basilic Thaï. Rien à faire, c’est comme ça que je l’aime.
Je ne mange pas ça tous les jours! Cinq ou six fois par année. Mais je vais AUSSI manger dans d’autres Viet. Il y en a un à côté du travail. Et j’y mange PARFOIS autre chose. Mais la plus part du temps…
On dirait presque un TOC.
* * *
Dans nos plans de relâche, depuis des années, on va à la bibliothèque et Archives National du Québec, au va manger une soupe au Viet et après, si la température le permet on va faire des achats au Marché Jean-Talon.
Chaque année, on débarque en famille. Gaëlle a mangé son premier rouleau impérial, elle tenait à peine debout. Les filles ont religieusement liché l’aquarium dans lequel elles comptaient les grosses carpes. Je crois qu’elles auraient pu dire s’il en manquait!
Depuis, la mère vietnamienne nous a vu débarquer avec les coquilles, les chaises hautes, le booster. Elle a bricolé des tonnes de baguettes en forme de pinces avec un élastique. Elle n’oublie JAMAIS d’ajouter un ou deux «fortune coockies» à la fin du repas parce que les filles ADORENT ÇA!
Elle s’inquiétait que bébé était peut-être un peu jeune pour manger des crevettes ou tenir une fourchette. Et voilà le moment où tout le monde mange sur une chaise, tout le monde arrive (ou presque) à tenir des baguettes et surtout, tout le monde ne consulte même plus le menu quand il s’assoit à table.
Depuis le levée des filles qu’elles trépignent!
-     Est-ce que c’est aujourd’hui qu’on va à la bibliothèque?
-     Oui! C’est aujourd’hui!
-     Yéééééé! On va manger de la soupe au restaurant des poissons!
On a dû se taper les «On va au restaurant AVANT ein?», «Dans combien de temps on arrive?» On débarque tout le monde sur le trottoir, donnant les recommandations d’usage quand…





Drame! Tristesse! On n’y était pas allé à l’automne et voilà que le berceau de notre famille allait se transformer en boulangerie… J’ai eu le cœur gros… J’ai failli pleurer. NOTRE soupe Tonkinoise avait disparue! J’avais la gorge sin-cè-re-ment serrée.
On est là, sur le coin de la rue à gérer l’inquiétude des enfants «mais où on va manger?», notre propre choc et notre faim. Faut penser vite!
-     Tu te souviens de celle où on allait dans le sous-sol puant?
-     Ouais, mais pas certaine que c’est une bonne idée! Y’a celle (soupe tonkinoise) sur laquelle on se rabattait quand on oubliait que l’autre était fermée le mercredi?
-     Ouain, leur soupe est pas terrible. Ils mettent même pas d’oignons crus dedans…
-     Ouains, mais c’est la moins louche dans le coin.
C’est chéri qui a remarqué en premier que la vitrine du «plan B» avait quelque peu changé. Quand je suis rentrée… J’ai eu droit au plus beau sourire qui soit!
-     Ah! C’est v’lai! C’est la lelâche! Vous venez avec les enfants!
Mon cœur a fait «tlois bons»! La mère Vietnamienne qui nous accueille!   
Elle nous a permis de choisir notre place (habituellement, c’est elle qui choisissait en fonction que les enfants voient bien l’aquarium).
-     J’ai eu tellement peul de ne plus vous levoil… Ça faisait tlop longtemps que vous n’étiez pas venu. J’ai pas pu vous annoncer… Alols! Comme d’habitude?
 
  


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