Je suis fatiguée quand…

Je suis tellement fatiguée, que j’ai, depuis longtemps, dépassé le stade où je me mets à pleurnicher comme une gamine en me recroquevillant sur moi-même en suçant mon pouce. Toutes mes larmes, je les ai gardées pour tous ces médecins et ces infirmières qui ont croisés mon chemin depuis la naissance de Arielle.

Je suis fatiguée quand j’essaie de déverrouiller frénétiquement ma porte d’entrée sans succès pour me rendre compte que je n’ai pas la bonne clé…

Je suis fatiguée quand je regarde ma tasse de café déborder en me disant nonchalamment : « Tiens! Ma tasse est pleine! » Je regarde le liquide précieux disparaître sous la grille de ma cafetière sans broncher.

Je suis fatiguée quand je porte pour la 6e fois ma tasse vide à mes lèvres et je me dis : « Il faudrait bien que j’aille me préparer un autre café! »

Je suis fatiguée quand je me prends le gros orteil dans le bas de mon pyjama et que je m’étends de tout mon long sur le carrelage de la salle de bain.

Je suis fatiguée quand je cherche désespérément un entonnoir au bec d’un pouce de large dans l’espoir de remplir une bouteille de 3ml dont le goulot ne fait pas un pouce…

Ça fait depuis belle lurette que je ne suis plus capable d’estimer l’heure et la date du jour. Quand Gaëlle se lève le matin et qu’elle me demande : « On va à la garderie aujourd’hui? » J’ai toujours besoin d’y réfléchir quelques secondes avant de lui répondre.

Je fonctionne pourtant! Tout le monde mange, tout le monde se lave, tout le monde reste en vie…