Un goût de nostalgie...

J'ai 11 ou 12 ans... Peut-être moins. J'ai pris l'avion pour la première fois de ma vie. Pas pour aller en France ni dans les îles du Sud. Pour aller à Havre-St-Pierre, Côte-Nord, pays des Monolithe, des rivières où déferlent des torrents de saumon. Pays d'eau froide aux plages pleine de coques.
On a fait Montréal-Québec, puis Québec-Sept-Îles. Puis nous somme descendus avec mon frère et ma mère pour embarquer dans ce que je qualifierais de coucou. Croyant qu'ils avaient mis la climatisation trop forte, je me suis penchée et j'ai vu le jour entre le plancher et le mur.

On a passé des jours à profiter du vent, des plages, du sable, des sapins plus petits que moi. Par un lundi soir, c'est l'heure du souper, j'ai faim et je dois aller me taper une visite un peu bizarre sur un quai avec ma mère et ma tante. Une douzaine de bateaux sont accostés et débarquent d'immenses caisses et ça grouille. C'est pas joli. Il y a des bibittes toutes plus bizarres les unes que les autres. Ma mère cherche celles où on y trouve le crabe. C'est laid, ça pu! Ma mère paiera 2,50$ la bête... Comme je n'ai AUCUNE idée de ce que ça peut coûter... 2,50$ c'est 10 de mes gommes préférées... Laid comme ça, c'est trop cher!

À la maison, je m'auto-digère, mais c'est le branle bas de combat, les voisines débarquent avec d'immenses chaudrons, ça boue, ça brume, ça bue. Ma mère me répète que je ne perds rien pour attendre!
Le moment critique, la bête cuite est sortie du chaudron, ma tante accroche la bête par les pattes, enligne la tête sur bord du comptoir et CLOW! Ça revole, ça crache et ça révolte la préado que je suis.
Il est passé 22h00 quand on s'attable enfin. Ma mère, ma tante et les voisines ont cuit plus de cinquante livres qui seront mises en caisse et expédiées par avion! Quelle horreur, quelle perte de temps...
Ma mère me prépare quelques pattes, je fais une moue dégoûtée... Elle me trempe le morceau dans du beurre à l'ail. Je vise le plat de riz! Ma mère le repousse! Trempe le deux fois plutôt qu'une!
Et j'ai mis le morceau dans ma bouche...

Nous avons repris l'avions quelques jours plus tard. Quand ma mère a mis la caisse sur le tapis roulant, j'ai suivi ma mère lorsque j'ai vu la caisse disparaître!
À notre retour, je me suis tordue les doigts jusqu'à ce que je vois la petite caisse blanche de styromousse sortir de la voûte. En grimpant dans le taxi qui allait nous ramener à la maison, j'ai demandé à ma mère si ce n'était pas mieux que je la prenne sur mes genoux.

***
Je n'en avais pas mangé depuis que j'avais quitté la maison à 17 ans. Attablée avec mon amour avec un tout petit verre de vin blanc, un plat de beurre à l'ail... Je me suis rappelée les caisses sur un quai..

Commentaires

Anonyme a dit…
Ça doit être ça, la saveur du souvenir...

Bises