Elle fût longue...

Quand on entre dans sa première maison, qu'on l'a espéré depuis tant d'année, arrive toujours le jour du déménagement. Le jour où on y met les pieds pour la première fois sans les meubles de l'ancien propriétaire. On y a rêvé pendant plusieurs mois, imaginé notre canapé dans notre salon, notre lit trônant dans une grannnnnde pièce. Mais arrive invariablement le moment oû on trouve que notre canapé est un peu gros pour la pièce, qu'il y a peu moins de lumière que dans notre souvenir... Que c'est dommage qu'on ait pas remarqué que cette arbre nous cache la vue, que le sous-sol est très humide... Quand c'est un appartement, on se dit qu'on déménagera l'an prochain. Mais pour une maison, c'est moins facile.

Je suis rentrée chez moi. Dans MA maison... Et l'impression qu'il y a pleins de trucs qui clochent, mais cette fois, je ne peux pas me dire de serrer les dents jusqu'en juin. Mais là...

Aaah! Ce n'est pas si moche, il y a très trucs vachement bien dans cette école... Pour commencer par mes élèves... Ils sont chouettes... Chouettes de chez Chouette.. J'ai perdu cet espèce de barre que j'avais aux épaules qui me forçait à tirer 27 élèves qui n'avaient pas envie d'être là. Cette fois, ils ont d'autres problèmes. Mais disons que j'ai l'impression que je n'ai plus besoin de leur offrir la lune pour leur décrocher un sourire. Il me regarde avec des yeux... des yeux... pleins d'espoir.

Et ça bouge dans cet école-là. Hier, j'ai joué au soccer, couru avec un groupe. Aujourd'hui, j'ai joué au kick ball et j'ai dansé avec des élèves. Ça me plaît... J'aime ça bouger.

Je suis reconnue dans cet école. Les élèves m'écoutent quand je leur parle. Si j'en arrête un dans le corridor et que je lui dis d'enlever sa casquette, il s'exécute.. en levant à peine les yeux au ciel. L'an dernier, on me riait en pleine face.

Je suis rentrée dans une classe toute vide... Ça peut être paniquant sur le coup. Mais j'apprécie finalement. J'ai mis MES choses, à MON goût. Bon! Il me manque quelques meubles, des affiches colorés, des ordinateurs (parlons-en des ordinateurs)... Mais c'est chez moi.

Mais bon, je n'ai pas fait mon deuil de mon ancienne école, mon ancien logement. Elles me manquent les filles. Je les connaissais, je ne me sentais pas jugée. J'étais accueillie avec ma bulle orange fluorescente.

J'ai malheureusement trop le désir de plaire... ça me nuit. Du moins, dans mon école.

Je m'ennuie de l'organisation de ma secrétaire, de l'efficacité de mon ancienne directrice, d'aller dîner au Copains Gourmands, des histoires de M. et C., de mes petits déjeuners de défoulement avec J. D'ailleurs, c'est elle qui me manque le plus... Je m'y suis arrêtée mardi midi. J'ai passé 20 minutes avec elle dans sa classe et on n'a pas arrêté deux secondes... Et je vais faire ci, et je vais faire ça...

J'ai du mal avec les deuils. Habituellement, je coupe les ponts. En amour, en amitié, je coupe les ponts. Mais cette fois, je ne peux tout simplement pas. Alors le deuil est difficile à faire... Je pense que je vais devoir vivre avec ça...

La semaine a été difficile. Épuisante... Mais je vais recharger mes batteries à bord de la bulle... La dernière fois de la saison sans doute. Et je vais revenir mardi, toute pleine d'énergie.

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