C'est encore moi...

Désolée pour les gros mots. C'était plus fort que moi. Mais tu as refait monter en moi un tas de d'ordures comme de beaux souvenirs, ça a débordé.

J'ai passé la journée avec toi. Ma colère a fait place à un immense chagrin. Je ne pouvais pas imaginer que ça ferait si mal de retrouver les gens qui te connaissaient. Je ne pouvais pas imaginer que je serais si triste de les voir si souffrants. Ton père, homme habituellement discret, pale et livide. Ta mère si chagrine. Je lui ai tenu la main pendant de longues minutes.
C'est vrai, tu as tout vu, de là où tu étais.

Tu nous as tous accompagné. À la fin de cette très longue heure, tes amis et moi nous sommes rassemblés dans un petit resto du Vieux-Terrebonne. J'avais pleins de souvenirs. Nous y sommes allés qu'une seule fois. Mais l'émotion était très forte.
Ça m'a fait un bien fou d'entendre parler de toi. La majeure partie des souvenirs qu'ils évoquaient je ne les connaissais pas. Mais certains, tu me les avais déjà racontés et je trouvais ça fort réconfortant. J'avais l'impression que tu avais déjà existé dans ma vie.

Tu as méthodiquement évité toute rencontre depuis les six dernières années. Je me serais rendue compte immédiatement que tu n'allais pas bien. Alors nos seuls contacts se limitaient à Internet. Tu étais irréel pour moi. Dans l'espace d'un déjeuner, tu es devenu plus vivant que tu ne l'avais été pour moi depuis si longtemps...

J'ai pleuré, tellement pleuré. Là bas, je me retenais un peu. Mais en voiture, les vannes se sont ouvertes. Je t'ai longuement raconté une histoire que nous avions vécu ensemble. Une histoire que je ne peux pas raconté ici. Une histoire où tu n'avais pas QUE le beau rôle... J'aurais tellement aimé que tu me confirmes mes perceptions, que tu répondes à mes questions... Mais je crois que je serai seule à pouvoir finir par y répondre.

Depuis quelques temps, j'apprends à ma fille que les gens loin de nous, nous accompagnent dans notre coeur. Bien voilà, maintenant que tu es loin, que tu n'appartiens plus à personne, je peux prendre un petit bout de toi pour que tu m'accompagnes.

Je t'aimerai longtemps... grand con...

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