Le catastrophomètre de Martin Petit

Voilà, un matin, il ouvre son blogue et a cet idée qu'il ne qualifie pas de génial, mais qu'il aime. Elle ressemble à beaucoup de jeux Tag pratiqués sur de nombreux blogues. Voilà, de nombreux carnetistes célèbres comme Patrick Lagacé reprennent l'idée sur leur blogue et elle fait boule de neige... J'ai passé du temps hier à lire le catastrophomètre de centaines de lecteur du Blogue de Martin Petit.

Voici le mien:

6 décembre 1989: Polytechnique.

J'ai 13 ans, je suis en secondaire 2. Je suis à 5 jours d'avoir 14 ans. À ce moment-là, il n'y a rien de plus important au monde que le fait que dans 5 jours, c'est ma fête. Le monde arrête de tourner ce jour-là. J'habite un petit appartement d'Outremont avec ma mère et mon frère.

Quand on rentre de l'école, j'ai pas le droit de regarder la télé tant que les devoirs ne sont pas fait. Mais mon frère et moi, on la regarde quand même. Quand ma mère arrive de travailler vers 18h00, on se pitch pour l'éteindre.

Ce jour-là, mon frère et moi on comprend pas trop. On sait que c'est à l'université de Montréal et que c'est pas loin de chez nous. Ma mère arrive plus tard avec l'épicerie en nous gueulant de venir l'aider à la rentrer. On se pitch même pas pour éteindre la T.V.
- Maman! Il s'est passé quelque chose de grave à l'université!

Ma mère est rentrée avec ses bottes pour nous rejoindre dans le salon.
On va apprendre quelques heures plus tard qu'une grande amie de la famille (la soeur de la meilleure amie de ma tante/marraine) que je ne connais pas, a été tuée dans la classe.
Le 11 décembre 1989, j'ai dû partager la vedette avec les funérailles nationales de cette amie de la famille que je ne connaissais pas. Ça m'embêtait vraiment.

11 septembre 2001:
J'ai 25 ans. Je suis à l'UQAM à essayer de terminer mon Bac en enseignement. Je suis descendue à la pause pour fumer une clope avec les copines au Grimoire.
Mais dans les corridors, y'a quelque chose qui cloche. Tout le monde est attroupé autour des écrans.
J'arrive au Grimoire et l'habituel sport est remplacé par CNN et le joyeux brouhaha remplacé par un silence de mort. QUand j'entre, je ne vois que le 2e avion frappé la seconde tour devant mes yeux. Je trouve difficilement mes copines. Mais personne n'a envie de fumer une clope en s'amusant. Je retourne à mon cour, mais le prof ne revient pas. Je suis sur le choc comme une fille qui ne comprend rien.
C'est le soir, quand je rentre du travail de la boulangerie, que je vois les images de la journée et que je comprends un peu. Trop. J'ai l'impression très forte que le monde que je connaissais hier a disparu à jamais.
Je viens de me marier et follement amoureuse et j'ai foi en la vie. J'attends juste de terminer mes études pour faire un bébé à mon amoureux. Ce soir-là, on a dormi sur le divan et je me suis vraiment demandé si j'allais pouvoir faire un bébé dans ce nouveau monde que je ne connaissais pas. Ça m'embêtait vraiment.

Aujourd'hui:
J'ai 34 ans. J'ai deux magnifiques petites filles et je suis enceinte d'un 3e bébé. Je suis enseignante au primaire et je vais devenir permanente d'ici peu. Je vis dans une petite maison à la campagne et la vie est exactement comme je l'avais souhaitée avant le 11 septembre. Peut-être mieux même. Alors, même la crise économique ne m'embête pas vraiment...

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