J'attendais avec une ferveur l'arrivée du week-end... J'ai attendu toute la semaine qu'il soit ENFIN 5h00. J'attendais avec impatience d'entendre les petits glaçons tinter sur le bord de mon verre. Je me centrais sur le petit moment béni.
À cinq minutes de la cloche fatidique, j'expédiais les dernières corvées aux élèves. Rapporte ton portable et branche-le! As-tu remonter ta chaise sur ton bureau? Oui! Ton agenda est sur ma table! Prends-le et n'oublie pas de le faire signer... Je déteste ses départs chaotiques. Je préfère ceux qui sont calmes et méthodiques. Mais à leur défense, il neigeait et c'était vendredi.
Je mettais mon manteau et mes bottes en même temps que les élèves, essayant de gérer le corridor la tête penchée par devant. Du coin de l'oeil, j'ai vu la neige tomber... Ma voiture.. Les routes...
Je suis sortie et j'ai constaté. Comme si je vivais le premier hiver de ma vie... À mi-chemin entre la fin du monde et la catastrophe. Ma lèvre inférieur retroussa d'avantage lorsque je constatais que dessous toute cette neige se cachait une couche de glace... L'impression de me retrouver devant la corvée du siècle, ne sachant pas trop à quel phare me vouer.
Je n'étais pas seule... Déjà deux balais s'activaient activement jetant un pompon interrogateur au dessus de la bordée. Ils interrogeaient tous ma broue du toupet. Va-t-elle oser? Oser reculer et partir avec seulement une lucarne au devant? Ou va-t-elle s'atteler?
C'était beau. On entendait les enfants se jeter des buttes en déboulade de rire... Je me suis mise à astiquer une première fenêtre. Le moteur ronronnant, la musique tonitruait à l'intérieur. Un Jazz tout droit sorti d'une chronique de disque.
Ma voisine de ballet m'a fait sursauter!
- Sur un fond de musique, c'est agréable!
J'ai souri. M'occupant maintenant de dégager les portières de congère, j'ai levé la tête afin d'échapper au ressac du balai. J'ai vu quelqu'un sortir et venir nous rejoindre. Toutes les petites ballerines que nous étions, avons arrêté notre balai pour observer la moue... Celles déconfites, celles soupirantes.
À la fin de la chorégraphie, appuyé sur mon balai, je me suis mise à aimer cet instant. Je ne comprends toujours pas comment, en quelques minutes, une corvée fût transformée en rire, en sourire, en semi-poésie. C'est mon mystère de vie...
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