Tout a commencé à 3h00 vendredi matin. Je tournais en rond dans mon lit. Je savais que le réveil sonnerait dans un peu plus d'une heure et je me demandais si ça valait la peine de chercher à me rendormir. J'arrêtais pas d'avoir hâte! Avoir hâte qu'il soit 17h00... L'heure sainte, l'heure bénite où je m'assois avec un appéritif et où je fais le vide. Le vide qui me permet de coucher ces mots.
Dans la tempête que provoque le temps qui se précipite, j'en avais encore plus besoin... Calmer cette furie qui palpite dans mes tripes.
Chaque heure de cette journée, je me suis accrochée à ce moment... Quand j'ai refermé la porte de ma classe, j'ai entendu: 1h30! Il te reste 1h30 avant qu'il soit 17h00! Elle lit dans mes pensées je crois.
Je suis arrivée à la maison, c'était le silence... J'aurais tellement dû en profiter. Je me suis laissée aller dans le bouillon de la maison... Je n'ai pas laissé le 17h00 me pénétrer... J'ai simulé en me disant «taleur, ça sera meilleur!».
Puis ma Smala a débarqué avec son empressement, son énervement, son insistance à me voir et à m'aimer... Un bleu ici, un dessin là, des bras tendus tel Édith Piaf voulant embrasser le monde entier. Le temps de retrouver mes esprits et me diriger vers le bac à glaçon, le téléphone a sonné! C'était l'hiver qui m'appelait! Pas celui qui pique et qui grelotte, celui qui festoie!
Mais j'avais envie de mon home, de mon pyjama et surtout de mon drink rose et de mon homme. Alors j'ai raccroché en souhaitant une autre fois. Mais M51 avait les yeux de celui qui regrette, celui qui aurait aimé qu'on le consulte! J'ai affirmé: «Tu n'as pas envie! Tu as envie d'un pyjama et d'un drink rose!» Mes ces yeux me disaient le contraire. Ils avaient envie eux de rire d'enfants, du bruit de la glace sous les lames.
J'ai essayé de négocier mollement. Je voulais faire chauffer les glaçons, pas refroidir mes petons!!!!
Puis, j'ai protesté paresseusement... Aussi paresseusement que j'ai préparé 2 sandwichs et fait réchauffer des restants pour Romy. D'ailleurs, ma Ch'tite Biloute m'a fait des yeux comme ça quand après lui avoir mis son pyjama, j'ai lancé: «On s'en va jouer dehors» en lui enfilant ses bottes.
On s'est enfilé dans la forêt noire balisée de flambeaux. Nous suivions les éclats de rire combattant la neige qui entrait dans nos bottes. Ça craquait sous nos pas.
La nuit était lumineuse dans la clairière! On distinguait facilement les visages, heureux sous les capes et les chapeaux.
J'ai bu du Porto me réchauffant au feu brûlant, écoutant les éclats d'un compteur qui laissait échapper ses rires comme les tisons avec l'éclat d'un feu de bingale.
Nous avons dû convaincre les enfants épuisée de nous suivre jusqu'à la voiture où nous n'avons rien entendu sur les routes givrées.
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