Le marathon quotidien...

L'enseignement, c'est un véritable marathon... On passe la ligne de départ en septembre et on espère passer la ligne d'arrivée en juin. Au début, on a mal partout. On sent tous les muscles de notre corps se crisper... Non pas ça... Il se souvient de juin dernier, alors que notre cerveau est sur un hi pas possible. Puis, quelque part vers la fin octobre, on trouve notre 2e souffle. La vitesse devient constante, on avale les kilomètres les uns après les autres sans regarder le chrono. On devient confortable avec les paysages, notre cerveau divague, les automatismes s'installent et on retrouve notre aisance.

Et Noël arrive. Quelques ampoules aux pieds, on croit qu'on est fatigué. Mais en fait, on ne sent plus. On va fêter, manger et boire. Puis on repart. Les semaines d'égrainent, une à une dans un espèce de coton doux. Fatigués? Parfois, un rhume, une gastro, il faut garder le cap, on rembarque dans nos souliers et on repart sans penser au chemin qu'il faut parcourir. On ne peut pas y penser parce que nos jambes bloqueront. Elles refuseront de continuer.

Et mai arrive... La panique s'empare de nous: Examens, évaluations tout en espérant pouvoir terminer le sacro-saint programme. Et les activités s'enchaînent les unes après les autres, on passe de moins enn moins de temps dans nos classes et on commence à voir des points noirs. On met de plus en plus de temps d'avant d'éteindre le réveil, on oublie son lunch, on a pas envie de terminer... Si j'arrêtais maintenant?

Mais le flot nous porte.. On se laisse porter par le flot: Une main dans le dos, le pouls du corps qui bat dans nos pieds...

Puis, le dernier 5 kilomètres. Celui qu'on fait habituellement les doigts dans le nez... On voit la ligne! C'est bon! On l'a fait! Y'a rien là! Et voilà que 100 tonnes de plomb nous tombent dans les jambes... Pour lever chaque jambe, il faut déployer l'énergie de chaque journée de l'année... On court, on dirait que la ligne s'éloigne et recule de 100 mètres à chaque pas... On y arrivera plus... On a mal partout... Chaque jour est éternel et on ne voit plus l'heure où on dormira. Lorsqu'on fini par mettre la tête sur l'oreiller, on sombre dans un sommeil tourmenté, à notre réveille, on se sent plus lourd que la veille... Nausée, mal de tête dès le saut du lit... On va se casser en deux...
Au fur et à mesure qu'on parcourt les derniers milles, notre coeur gonfle comme un ballon de baudruche. Dernier cours d'anglais, dernière activité sportive, autant de dernières en si peu de temps. Il faut faire nos adieux à certains collègues, à certains élèves... On fait une cérémonie pour ci, un discoure pour ça, notre coeur se gonfle... Et LE jour où un ne peut plus reculer, que la ligne d'arriver est LÀ! LÀ! La pression est trop forte, on là la pince et notre coeur vole dans tous les sens.
Debout près des fenêtres de ma classe, je ne suis plus capable de contenir mon chagrin... Je roule en boule de l'autre côté de la ligne... Mes larmes coulent et je ne suis à bout de mon souffle... Incapable de gérer... Comme au marathon, on accourt de partout pour s'assurer que je vais bien...
Je n'ai jamais fait de marathon bien que j'aimerais. Mais au lendemain de mon marathon, j'ose imaginer que je me sens un peu comme ça... J'ai mal partout, je ne ferais que dormir.. Je grignote ici et là... J'ai envie de me laisser aller dans la brume, me laisser couler...
Une chance que M51 est là...
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En rédigeant ce texte, je cherchais des images pour l'accompagner. J'ai fait la gaffe de taper «Marathon» dans Google image... Je vous épargne les images d'horreur sur lesquelles je suis tombée... 

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