Je suis partie deux jours. Deux petites journées, je suis sortie de leur orbite. Deux dodos en langage Romy. En temps normal, elle ne me voit plus. Je suis un meuble qu'elle ne se donne même plus la peine de contourner, me fonçant dedans avec son air de "Tu déranges!"
Ce matin, elle est venue me trouver doucement, sa petite main dans mon visage: "Je veux des bonhommes!" chuchotté à oreille. Je lui ai servi son lait. Elle a tapoté l'espace à coté d'elle pour m'inviter à m'asseoir à coté d'elle. Elle a même fait de la place sur la table pour que j'y pose mon café. Elle couche sa tête sur mon ventre.
- Maman, je voudrais que tu aies un petit bébé dans ton ventre.
Elle était trop petite quand nous avons eu cette discussion avec ses soeurs. Il n'y aura plus de petit bébé qui viendra habiter dans mon bedon. Cette affirmation n'est pas triste. C'est comme dire "Je n'ai plus faim."
On peut pousser les murs, on peut faire plus avec moins d'argent, j'ai plus d'amour qu'il n'en faudrait. Mais du temps, ça ne se bricole pas, ça ne s'invente pas, ça ne s'achète pas. Je suis sortie de ton orbite deux jours. Deux jours, je t'ai volé du temps et déjà, tuvis sur mon ombre. Si un pépin de pomme poussait dans mon ventre, bien vite les aiguilles de l'horloge seraient écartelées.
- Non Romy. Il n'y aura pas de petit bébé dans mon ventre.
Je veux garder le temps qu'il reste à t'aimer.
- Maman! Tu pourrais en demander un au Père-Noël? Deux! Des garçons! Et puis...
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