Dans la pièce d'à côté...

On ne peut se douter combien peut nous aimer notre mère jusqu'au jour où on devient soi-même parent. Et ne peut pas se douter de l'amour qu'on avait pour elle jusqu'à ce qu'on la perde.

J'ai beau relire les étapes du deuils, je ne sais pas trop où je me situe dans tout ça... J'ai cru quelques heures que c'était une mauvaise blague. La minute d'avant, je me préparais un café, celle d'après, elle était décédée. J'en voulais à mon frère! Il ne pouvait pas nous laisser croire qu'elle était morte! Lorsque la dame à la réception de l'hôpital nous a donné du «Mes condoléances», j'ai voulu le frapper!
- Arrête! La blague a assez duré! Les gens nous offrent leurs condoléances, niaise plus!
Et ce fût l'infirmière des urgences... Et quand le médecin est venu nous voir, j'ai compris... Y'a pas de grand trou qui s'est ouvert sous mes pieds... Elle était là, elle n'est plus là... Comme lorsqu'on meurt, on respire et après, on respire plus... Je sais que c'est comme ça... Je l'ai vu de mes yeux vu... Pas de grandes trompettes de Jéricho. Respire, respire plus...
J'ai bien crié après elle, l'intiment de bien s'occuper de nous là-haut. Si non, toute cette douleur n'a pas de sens... Elle n'a pas bougé... Les yeux résolument fermés.

Lorsque j'ai choisi le texte pour les signets au salon funéraire, on nous a proposé le meilleur texte. Une phrase m'a marqué: «Je suis passée dans la pièce d'à côté.» Elle est passée dans la pièce d'à côté et elle est toujours là... Pas loin... Elle est présente... Tellement présente... Elle l'était tellement... Je pensais à elle me disant: «Faudrait bien que je l'appelle...» Quelques minutes plus tard, le téléphone sonnait: «Tu voulais me parler?» Des anecdotes comme celle-là, nous en partagions des tonnes.

Chaque jour depuis jeudi, une minute, son «absence» m'est insupportable, la minute d'après, elle est dans la pièce d'à côté...

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