Le monde tourne


Elle dit que c’est un oiseau 
Envolé de sa cage 
Elle dit que c’est la cage 
Qui la fait pleurer 
Le vide laissé par l’oiseau 
Le vent qui traverse la cage 
Le vent, ça mouille les yeux 

Il a pris son manteau 
Ses pieds et ses lumières 
Il a claqué la porte 
Pour ne plus pleurer 
Il lui envoie des morceaux 
Des bouts de paysages 
L’ennui, ça brûle comme le feu 

Elle rassemble les photos 
En fait des bricolages 
Découpe les contours 
Recolle son visage 
Quand on a perdu les mots 
On garde les images 
L’oubli, ça mouille les yeux
Paroles et musique: Mélanie Boulay / Stéphanie Boulay 

***
La musique avait envahi ma tête de dépressive saisonnière depuis quelques jours déjà. Avant que ma mère ne nous quitte. Maintenant, la musique habite ma tête, mais mon corps... Besoin de cette musique... C'est pire qu'une envie de fumer.

Quand il y a trop de bruit, quand je ne dors pas, quand les enfants bougent trop vite autour de moi, je n'ai envie que d'une paire d'écouteurs et de me laisser couler... Des phrases me reviennent... Comme lorsque j'étais en peine d'amour, j'écoute toujours les 5 ou 6 même chansons en boucle. Je faisais ça. Je les écoutais en boucle pendant plusieurs heures et après, j'allais mieux... J'attends encore d'aller mieux... C'est pas tout à fait comme un peine d'amour on dirait...

***
J'oublie que ce n'est pas écrit sur mon front ce que je vis. Je suis à caisse d'un café... Je suis dans le cirage... J'ai du mal à trouver ma monnaie. La serveuse s'impatiente un brin... Si j'avais eu des fusils à la place des yeux, elle aurait reçu une de mes décharges. «Madame! Je vous souhaite la MEILLEURE des journées!» Mais mes réflexes sont mous. J'ai serré des dents et je lui ai donné un gros billet question qu'elle ait un peu de boulot.

Il a neigé une partie de la nuit, les routes sont de véritables casse-gueules. J'actionne mon clignotant pour changer de voie. Angle mort, j'apperçois du coin de l'œil une voiture qui à ce même moment actionne le sien et est plus vite que moi. Il amorce son changement de voie avant moi. Je lui hurle:
"C'EST MOI QUI DEVAIS CHANGER DE VOIE!!! TU N'AS PAS LE DROIT DE ME FAIRE ÇA!!!!"
On voudrait tellement, mais tellement que le monde arrête de tourner... Le temps de reprendre une grande respiration... 

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