lettre à ma fille qu'elle ne lira pas


Chère enfant,
Hier, c'était ton anniversaire... Tu as eu 7 ans. À chacun de vos anniversaires, j'entre mon corps et mon esprit dans un espèce de machine à voyager dans le temps. C'est à la fois beau et souffrant. Revivre les émotions d'un des plus beau moment de sa vie, c'est merveilleux. Mais compter ces années qui ne reviendront pas... C'est douloureux. 

Tu m'en auras fait baver. Ben oui! Tu as été un bébé tellement difficile. Quelques heures après ta naissance, tu hurlais encore ta venue au monde. "Vous m'avez dérangée dans ma bulle amniotique!!!!" Seul mon sein, aussi peu productif soit-il, arrivait à te fermer la trappe! Pas de suce, pas les bras d'un autre, pas même ceux de ton papa, n'arrivaient à te contenter. 

J'ai alors posé mes deux fesses sur le divan et je crois bien qu'elles se sont enracinées dans les coussins. Je passais du divan, à la douche, à mon lit. Occasionnellement, j'arrivais à faire un transit à la table de la cuisine. Mais ton père avait émis l'hypothèse que le bruit des ustensiles avaient la propriété de réveiller les bébés. Aucun repas ne fût terminé pendant 6 mois. 

Mais mes seins improductifs t'ont desséché. Petit tour à l'hôpital pour te réparer, perfusions dans les jambes, les bras et la tête, pleins de choses pour te donner confiance en le monde ça. 

Pendant 4 mois, tu as hurlé 20h00 par jour à moins de t'avoir accroché à mon sein. Même si j'avais voulu cesser l'allaitement, je n'aurais pas pu. C'était une question de survie.  

Tu auras exigé que je t'allaite jusqu'à 15 mois. Ensuite, les nuits sont devenues des calvaires jusqu'à tes deux ans. Quand tu as fini par vouloir, tes journées sont devenues des calvaires. Crises, gaffes et dégâts, ton père et moi pensions qu'on ne survivrait pas à ta petite enfance. Tu EXIGEAIS! Tu RÉCLAMAIS! Je veux et j'exige, j'exige et je veux. Et tout ceux qui croyaient que c'était parce que nous n'avions tout simplement pas essayé de casser ce petit caractère, te connaissaient bien mal. Tu avais les nerfs beaucoup plus solides que les nôtres. 

Et tu es entrée à la maternelle... On a été terrorisé. On avait l'impression que tu ferais tourner tout le monde en bourrique. Et ... non... Un poisson dans l'eau. Ton enseignante te nourrissait littéralement. Et notre immense surprise: La première année. Tu vogues et te laisse porter. Tu as arrêté de hurler à l'injustice et tu raisonnes. Tu as le bonheur et le confort étampés sur les lèvres. Tu réussis, au-delà de nos espérances.

J'ai enfin pu arrêter de te craindre comme une tempête et pu apprendre à te connaître. Tu me ressembles tellement. Tu es animée de cet même amour de la vie que je porte en moi. Tu refuses l'ordinaire et le banal. Si ce n'est pas assez magique, tu le rendras. Et la chose qui m'émeut le plus, tu aimes comme si tu allais mourir demain... 

Tu as 7 ans aujourd'hui et tu résonnes en moi comme personne d'autre au monde... 
Je t'aime... 

***
J'ai pris une décision hier... Je me préparais à combattre le spleen de l'hiver? Je vais le combattre avec des armes douces. En fait, je ne démènerai pas aussi violemment que normalement. Je ne chercherai pas l'allégresse à tout prix. Je vais me laisser couler un peu par le courant... Et voici les armes que j'ai choisi...


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