Ici et maintenant...

La semaine a été difficile... Mais pas autant que je ne l'aurais imaginé. J'ai écouté toutes les histoires de deuil de mes collègues... Tout le monde me trouvait incroyablement forte de revenir si tôt...
- Quand mon père est décédé, j'ai pris 2 mois de maladie...
- Quand ma mère est morte,  je suis  retournée travailler trop vite et j'ai craqué au bout d'un mois...

Moi, je suis retournée travailler... Comme une bonne petite soldat! Machinalement, je sortais les pieds du lit, je grimpais sur Elliptique... C'était difficile... L'envie de pleurer à la moindre contrariété..
Mais je grimpais en voiture la tête penchée.

J'ai encaissé tous ces dons de sympathie... C'est apprécié au début, au bout du 10e, tu n'en peux plus! Tu veux que ça arrête! Mais à chaque sourire mal à l'aise, tu acceptes l'accolade et remercie docilement... Mais tu n'en peux plus! J'ai calculé mentalement et mercredi après-midi, on avait fait le tour. Et une chance qu'un nouveau concierge de jour est arrivé pendant mon absence... On y serait encore...

Avec mes cocos... J'ai pleuré beaucoup le premier matin... Je me sentais terriblement coupable de les avoir abandonné. Et ils m'ont bien fait sentir qu'ils ne m'en voulaient pas... Et on s'est senti bien. Et très vite, comme dans aucun autre moment depuis. Les notions de mathématiques coulaient de source, j'avais une patience d'or pour expliquer pour la 42e fois la notion de fraction équivalente. J'arrivais à percevoir des choses chez eux que je n'avais pas décelé avant... Bizarre...
Toute la semaine, les seules moments où je me suis sentie bien au travail, c'est lorsque je fermais la porte de ma classe et que j'enseignais...

Seul moment où je me suis sentie bien à la maison, quand je me suis retrouvée avec les enfants. Je me suis trouvée des ressources insoupçonnées... Une patience incroyable... Et tout ça me dépasse un peu. Comment puis-je être aussi patiente et en paix avec les élèves et mes enfants alors que, je suis tellement en colère avec le reste du monde...

Dans la vie, je suis toujours dans un événement qui s'en vient et qu'il fait que j'ai hâte... Ou dans un moment passé que j'analyse. Ou le temps passe trop vite ou trop lentement...

Avec les enfants, je ne peux être ni dans l'un, ni dans l'autre. Je dois être dans le moment présent. C'est hyper cliché de le dire, mais c'est vrai. Je ne suis heureuse que ici et maintenant...

Hier, je suis allée prendre un verre et souper avec ma cousine. Je n'ai pas regardé ma montre une seule fois... Je n'ai pas eu peur que l'heure file et que je le regrette après, de manquer de sommeil, la conversation a filé, complètement fluide et vraie. Je n'ai pas regardé dehors la température et avoir peur des conditions routières pour mon retour. J'étais juste là.. Ici et maintenant.

Lorsque je m'arrête sur le bord de la route et que je photographie toujours la même scène du même angle, c'est qu'au moment où mes pieds sont enfoncés dans le même ban de neige, je suis dans le ici et maintenant et que je suis bien et paisible...

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