Filles... de mère en fille

Quelques jours avant mon mariage, ma mère m'a demandé si j'avais prévu quelque chose pour ma nuit de noce. J'ai pas tout de suite compris... Elle ne voulait tout de même pas que je lui déballe mes plans sexuels pour ma nuit de noce?
Elle pliait du linge sans me regarder.
- Tu as prévu un kit pour pouvoir danser après, mais pour ta nuit de noce? Une nuisette? Une robe de nuit?
- Ah! Tu parles de çaaaaaaaaaaaaaaa! Euh? Non! Je pense pas que ça soit nécessaire. Je pense m'écrouler sur mon lit en robe de mariée et juste essayer de ne pas ronfler et...
- Tu devrais t'offrir un truc joli, féminin. Tiens! Je vais te l'offrir! Va magasiner un truc vraiment sex..
- Ok! C'est correct! Je vais me trouver une jolie robe de nuit ou un truc du genre.
Elle a continué à plier des linges à vaisselle avec cet air de "J'ai pas vraiment fini de dire ce que j'ai à dire". Et comme toujours, je brassais de l'air pour éviter le reste de la conversation. Parce que c'était son truc à elle. Les looooooooooooongues conversations. Elle nous avait à l'usure. À un moment, j'en avais tellement marre de discuter avec elle que je disais ce qu'elle voulait entendre. Ou quand je sentais que la conversation arrivait, je brassais de l'air, des allé-retours tout en ayant l'air de vraiment l'écouter.
- Y'a un truc que je pense que j'ai raté avec toi. Je ne t'ai pas appris la féminité. Entends-moi bien! Tu ES une fille! Mais je ne t'ai jamais appris tout le plaisir de ce que c'était que d'être une fille.
Je n'étais juste tellement pas certaine de la suivre. Elle avait travaillé toute sa vie dans la mode. Si quelqu'un savait bien ce que c'était la féminité, c'est bien elle.
Elle a continué en me disant que pour elle, éduquer une fille, c'était au-dessus de ces considérations bassement superficielles. Qu’il y avait tellement de choses à transmettre comme valeurs à une fille... Que celle d'être féminine et belle dans sa peau avait pris la voix d'accotement.
Je lui ai répondu que ce n'était pas grave, que j'éprouvais du plaisir à être une fille, qu'elle avait fait une bonne job de mère.
- Mais promets-moi que tu vas t'acheter un truc pour ta nuit de noce. C'est pas obligé d'être le grand jeu... laisse-moi finir... C'est pas obligé d'être le grand jeu. Mais quelque chose de féminin.

***
Quand Gaëlle est venue au monde, j'avais pas le temps pour ces affaires-là. Juste sortir de la maison pour aller travailler en essayant de ne pas avoir plein de vomi partout était un exploit. Je me maquillais qu'en de très rares occasions, mais surtout pas pour aller travailler. Pas de petites crèmes et j'avais l'argument de la craie à tableau pour ces mains toutes abîmées.
Une fois, j'ai attrapé un coup de soleil au visage. J'ai profité de ce que ma fille était dans le bain pour mettre ma crème. De côté, elle m'observait. 18 mois et elle mettait ses petites mains sur ses joues et mimait les petits ronds que je faisais.
Je mentirais si je disais que ce jour-là, je me suis mise à poser ces petits gestes qui font plaisir et qui nous font sentir femme. À chaque fois que je m'achetais un petit pot de crème hors de prix, c'était comme une résolution qu'on ne tient pas. Pis j'ai eu Arielle, princesse par excellence. Elle a dit "rose" avant maman je crois. Et Romy. Trois filles! Elles voulaient des robes et des jupes à volants. Moi qui déteste les bas-collants.
Pis y'a eu cette gageure où j'ai promis que maintenant que j'utilisais le tableau électronique, j'allais me faire les ongles, que j'ai tenue. Pis les sous-vêtements colorés et assortis. Et cette paire de botte à talons hauts qui font mal aux pieds, mais font une si belle démarche.
Gaëlle a eu sa première petite soirée à la maison des jeunes. Elle allait regarder un film. Avant de partir, elle m'a apporté la brosse à cheveux et des élastiques en me demandant si une petite queue sur le dessus de la tête serait beau? Je lui ai peigné les cheveux et refais les ongles. Elle est descendue de la voiture en galopant, avec un air sûr que je ne lui connaissais pas toujours.
- Est-ce que je suis belle?
Je lui ai répondu qu'elle était toujours belle parce que c'est ce qu'on répond à sa fille.
***
Pas de soie, pas de satin, ni de dentelle. Pas de grand jeu. Juste un truc joli en coton avec des bretelles fines. Je l'ai fait.


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