ARRÊTE LA
VOITURE!
En vieillissant, j’apprends à faire confiance à mon instinct
et il venait de parler. Déjà, d’où j’étais, je voyais les vagues lécher la
berge d’une façon particulière. Comme si le niveau du lac était presque
au-dessus de la route. Je voulais voir ça de plus près, c’était impératif.
J’ai détalé comme un lapin dans l’herbe, ne prenant même pas
la peine de refermer la portière derrière moi. C’était urgent.
Je n’ai jamais visité le grand Canyon, ni autres paysages
réputés «À couper le souffle». Mais je suis certaine que ce que j’ai vu
approche de cette sensation. Les vagues menaient un boucan incroyable, le ciel
était rose, on ne voyait pas l’horizon tellement la brume était dense, mais le
couché du soleil rougeoyait les nuages à ma droite.
Au début des vacances, à notre arrivée à la plage, j’ai eu
une sensation étrange. Comme si je respirais de nouveau pour la première fois
complètement depuis le 23 janvier. Comme si je courrais toujours au bout de mon
souffle sans jamais pouvoir prendre une respiration satisfaisante et que LÀ! Ma
cage thoracique s’ouvrait et que mes poumons allaient ENFIN au bout de leur
capacité. J’ai eu l’impression que tous mes sens se sont rallumés et que mon
cerveau a commencé à refonctionner.
Depuis ce moment, je me sentais bien et moins anxieuse. Et
lorsque j’ai vu ce paysage, ma respiration s’est bloquée. J’essayais, mais une
barre me sciait le diaphragme. Mes yeux appréciaient le spectacle, mais mon
corps se battait pour respirer. Mes yeux
regardaient, mon cerveau était extatique et mon corps se battait pour survivre
à ça. Et mes yeux se sont remplis d’eau.
Je n’ai aucune espèce d’idée si cette réaction était
provoquée par la beauté du paysage ou par une espèce de difficulté à vivre des
émotions fortes… Le barrage n’a malheureusement pas cédé comme je l’aurais
souhaité. Mais les larmes ont coulé. C’était beau… Juste tellement beau… Et j’ai
osé… J’étais toute seule et j’avais pas peur de passer pour une folle…
-
Tu es là ein? Tu es tout près de moi ein? C’est
toi tout ça?
Et j’ai respiré à nouveau… Et 5 minutes plus tard la brume
nous rejoignait.
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