Fierté et ballon rond!

Je n’aime pas le hockey, je n’aime pas le soccer, je n’aime pas grands sports d’équipe. J’ai aimé un peu le plongeon (genre assez pour me payer un billet pour voir la demi-finale et la finale masculine de plongeon synchronisé aux jeux aquatiques de 2005 à Montréal) et je me suis levée quelques dimanches matin pour regarder Le Grand prix de course automobile à l’époque où les enregistreurs numériques n’existaient pas. Mais pour le reste, BEURK!
Je suis de glace devant Ginette Renaud qui chante le Ô Canada! Je suis de glace devant Ben Jonhson qui court le 100 mètres. Même si les Olympiques peuvent rouler en boucle à l’écran, je ne vais pas faire taire tout le monde pour que Charles Hamelin puisse se concentrer de mon salon.  Je faisais taire bien plus le monde pendant le bulletin météo durant la crise du verglas! TAIS-TOI! C’est Pascal Yakouvakis. Bon! Je verse une larme quand Marianne St-Gelai saute sur la glace pour embrasser son homme à pleine bouche, mais c’est seulement du «humain interest», du cheezy.
Donc aller me geler le derrière dans un aréna, TRÈS-PEU-POUR-MOI!!!! Même si j’avais mis au monde un Wayn Gretsky, j’espère qu’il aurait aimé prendre les transports en commun avec une poche de 30 livres sur le dos à 5 ans, parce que NO-WAY que je me lève à 5h00 le samedi pour ça!
Malgré que je suis quelqu’un de très déterminée à ne PAS faire une chose que je ne veux pas faire, Papa a décidé que sa progéniture fera du soccer! C’est pas cher, c’est pas loin et c’est sain… Pis pas besoin de me geler le c**… Mais passer de longues heures sous la pluie à les regarder grelotter dans la bouette… C’est LUI qui le fera! Papa se gèle sur le terrain à 9h00 alors que maman boit son café au chaud!
Mais ça n’a pas été très long que j’ai compris que je manquais quelque chose. Pas que c’était super satisfaisant de voir la chaire de sa chaire courir après un petit ballon blanc! Il apprenait des choses sur le bord du terrain. Que telle activité valait la peine à la municipalité, que tel prof était super sévère à l’école et que la garderie vivait tel problème…
Mais comme ça n’intéressait pas vraiment chéri, il manquait toujours la moitié de l’information.
-        Ah! Ouain? Unetelle a dit ça? Et est-ce qu’elle t’a dit ça?
-        Je sais pas! Si tu veux savoir, viens!
Bref, j’ai traîné mon café dans un thermos sur le bord du terrain le samedi matin à 9h00, le mardi soir à 18h30 le jeudi soir à 19h00 et…
Ben oui je regarde mes puces jouer! Ben oui! Si non… Je passerais pour qui?
-        Go! Gang! Allez les ROUGEEEEEEEEEEEEEEEUH!
-        Notre équipe, c’est ceux avec le chandail jaune!
-        Ah! Ok!
Je ne connais jamais le score! À la fin, ils ont gagné, ils ont perdu, c’est juste ça que j’ai besoin de savoir! Mais j’apprends un nombre incalculable d’informations essentielles sur le bord du terrain. Sur les profs, sur les éducatrices du service de garde, sur les parents de ceux qui ne jouent pas au soccer. Bref, tous les potins qu’on doit savoir pour survivre dans la jungle d’une petite municipalité!
En plus, en discutant avec les autres mères, on apprend tous les trucs d’éducation auxquels on aurait pas pensé… Arielle, à chaque match me demande si je vais m’asseoir avec la mère d’une telle. Pourquoi? Pour rien… Tu vas encore revenir avec un nouveau truc pour me faire ranger ma chambre…
***
Et à la fin de l’été, alors qu’on rêve de profiter pour une des dernières fois de la piscine, on va s’entasser sur le bord des terrains pour le tournoi… Malgré la crème solaire et les parasols, on va se faire brûler, s’intoxiquer avec de la bouffe de cantine, faire vivre le commerce du coin en bouteilles d’eau parce qu’on en aura pas prévu assez et que la fontaine ne fonctionne pas au parc.
On souhaite secrètement que nos chers chérubins se plantent pour une fois pour qu’on lève le camp rapidement pour retourner sur notre chaise longue sur le bord de la piscine. Même qu’une année, alors que nos cocos avaient perdu TOUS LES MATCHS, je n’avais apporté aucun pique-nique, aucune collation, à peine de l’eau pour survivre au match… 1h00 et on revient à la maison. Shnout! Ils ont tout gagné, on est resté coincé la toute la journée sous un soleil de plomb…
***
Cette année, j’étais prête à tout! On se dompte! Pas question d’endurer les enfants hurler de faim et me ruiner en cochonnerie de la cantine! Pleins de collations, plein d’eau et de trucs chouettes. Nos deux filles ont gagné tout l’été… Les risques qu’on se retrouve en finale était assez forte… Deux matchs de demi-finale remportés haut la main, la journée allait être longue.
Je me suis mise à m’intéresser aux diagrammes du tournoi, à étudier les équipes qui jouaient. C’était quoi les chances qu’on se retrouve contre la seule équipe qui nous a lavé? Du coup, assise sous mon parasol, avec quelques gérants d’estrades, mon intérêt a soudainement changé. Toutes ces années, à avoir l’air de pas suivre… Ben ça a l’air que j’ai appris par osmose… J’étais capable de prédire les décisions de l’arbitre : Touche bleue! Ça, ça va finir en «corner».
On a arrêté de placotter et on s’est mis à suivre le match!
-        MER.. euh! Zut! Y’a pleins de bleus qui sont seul! Les jaunes, on se répartit!!!!! ATTENTION au retour!!!!!!!
Surtout que ma grande, après 4 saisons à ramasser des pissenlits en arrière du but, 4 saisons à s’effacer derrière les «p’tites vedettes» de l’équipe, a décidé de toucher au ballon. Elle a compris comment jouer son rôle de défense et d’utiliser le fait qu’elle a une tête et 10 kilos de plus que les autres pour s’imposer!
Alors, c’est le cœur palpitant, semi-assise sur ma chaise, prête à hurler ma joie ou mon dégoût du monde contre l’arbitre. J’ai eu peur, j’ai dû faire une adulte de moi-même, ne pas céder au découragement :
-        C’est pas grave les jaunes! C’est juste un but! On continue! On lâche pas!
Alors que j’étais découragée! J’ai applaudi poliment quand les autres marquaient  un but! Quoi! C’est juste un match de final Moustique d’une ligue ultra-mineur! Faut pas virer fou!
Et ils ont gagné… C’est pas la première fois… Mais misère, j’ai jamais été aussi fière. Pour une fois, j’avais l’impression que ma fille n’avait pas été une figurante. Elle avait contribué pour vrai à la victoire…

Alors pour mes deux filles, quatre matchs, 4 victoires, deux finales, deux coupes remportées! 

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