J’ai commencé à courir en 2008. Après la naissance
d’Arielle. Deux enfants, un travail à temps plus que plein et un tour de taille
qui ne voulait pas se départir des kilos de la maternité. Haïr le gym, pas
l’horaire assez souple pour les cours de cardio-patente, il me fallait un truc
rapide, efficace et qui pouvait se faire de la maison.
J’ai écouté tout le monde, «fais-donc de la marche!» Comme
si dans tous les trucs que je pouvais faire, il y avait ça et le DVD de
raffermissement de «fesses-cuisses-seins-allouette» qui pouvait me convenir.
Rester cachée dans mon salon en vieux survêtements ou marcher. Le DVD
impliquait que je devais essayer de ne pas me péter la margoulette dans Arielle
qui me suivait partout et la marche, je ne me sentais jamais satisfaite.
Il faut savoir que, au secondaire, j'étais terrorisée à l'idée de courir. Je simulais toutes sortes de douleurs, d'handicapes pour échapper à la course.
Puis je suis tombée sur un petit MP3. Un enregistrement
français où sur de la musique, un gars hurlait à intervalles : «COURREZ!»
«MARCHEZ». Ça ne me coûtait rien d’essayer. Et j’ai essayé pendant quelques
semaines. J’avais mal aux genoux. Pour réaliser que je n’avais pas la bonne
paire de souliers.
Et je vous épargne la face hilare des gars du Sport Expert
quand j’ai demandé une paire de souliers de course.
-
Avez-vous déjà couru? Connaissez-vous votre
tempo? Vous savez…
Comme s’il protégeait l’accès à une secte.
-
C’est cher une paire de souliers de course vous
savez!
-
Je sais! Ça coûte combien un abonnement annuel
au gym?
-
Mais si vous ne continuez pas… Ça fait cher pour
un soulier multi…
-
Pourquoi j’arrêterais?
Déjà avec LA bonne paire de chaussure, ça changeait tout.
Mais j’étais loin de la course. J’avais pas la bonne technique. Je me pétais la
gueule. Je suis rentrée chez moi les genoux en sang plus d’une fois.
Et j’ai rencontré un spécialiste.
-
Je veux faire de l’exercice.
-
On va commencer par la marche.
-
Non, je veux courir.
-
C’est ce que j’ai dit, on va commencer par la
marche.
C’était bien mal me connaître. J’ai la tête duuuuuuuuuuure!
J’ai écouté ses conseils, mais j’ai couru. Et un jour, comme par magie, mes
pieds se sont placé tout seul. Ma course avait plus l’air d’un trottinage que
des trucs hyper élégants que je voyais sur les trottoirs en ville. Mais ça le
faisait. J’ai arrêté de tomber et je suis arrivée à terminer mes courses.
Mais mes problèmes ne s’arrêtaient pas là. J’en avais deux
de taille devant moi. Mes seins. Visiblement, ils n’appréciaient pas ma tête
dure. J’ai commencé à courir avec un soutient-gorges ordinaire. Je me suis
blessée sous les seins. Des blessures qui avaient l’air, somme toute, bénignes,
mais qui étaient souffrantes et mettaient des mois à guérir. Mais des
soutient-gorges de sport pour les grosses ÇA N’EXISTAIT PAS! PARCE QUE LES
GROSSES, ÇA NE FAIT PAS DE SPORT! C’est bien connu!
J’ai fini par trouver un truc qui ressemblait vaguement à un
sous-vêtement de sport et j’ai arrêté de me blesser.
Je me suis remise à courir. J’ai appris à réajuster ma
foulée et les douleurs aux genoux et au bassin sont disparues. Comme par magie.
Et j’ai trouvé un vrai chandail de course. Comme les filles qui courraient dans
«Mademoiselle court». Et j’y ai trouvé un véritable confort. Mais pas le choix
des couleurs. Rose ou mauve lilas. Parce que c’est bien connu! Les grosses
n’aiment que le rose pâle et le lilas!
Mais j’avais toujours
ce point entre les omoplates. Si j’étirais ma course au-delà de 30 minutes, il
me coupait le souffle et elle s’arrêtait là. Puis un jour, j’ai suis tombée sur
une boutique de vêtement de sport pour les grosses. Premier achat, un
soutient-gorges DE COURSE! Ça ressemble plus à une combinaison de plongée en
néoprène, à un corset de torture. Et pour m’offrir ce truc laid, j’ai dû
réhypotéquer ma maison. Parce que tout le monde le sais, LES GROSSES SONT
MILLIONNAIRES! Elles peuvent donc s’offrir des vêtements spécialisés hors de
prix alors que celle qui entre dans du 32B ne mérite pas ça!
J’arrive maintenant à
le mettre seule. Mais Chéri a dû m’aider à quelques reprises. Et je n’arrive
toujours pas à le retirer toute seule! Mais MAGIE! Mon point dans mon dos a
disparu!!!!! Je cherche mon air quelques minutes quand je le mets, mais après,
son confort est tel…
Pour le reste, je me débrouille avec les moyens du bord.
J’avais un vieux pantalon de jogging mou. Puis, un peu par accident, croyant
commander sur le net un legging, j’ai commandé un pantalon au genou dans une
matière que je ne connaissais pas. De toute façon, il était trop petit. J’ai
voulu le retourner et j’ai oublié. Quatre cinq mois plus tard, je l’ai
retrouvé. Je l’ai essayé. Il me faisait. J’ai couru. On est supposé pouvoir
courir avec une simple paire de running et être heureux! Euh! C’est vrai! Mais
courir avec un vieux short, c’est comme conduire une Tercel 1987 et courir avec
ce pantalon, je roule en BMW… Friction réduite, l’impression de courir nue… J’ai
aimé.
Je me suis donc transformée en coureuse Poule de luxe… Mon
petit confort hors de prix… Pour faire ce que personne ne me croyait capable…
Marche qu’ils me disaient…
Nous, grosses de ce monde ne devrions pas nous montrer lorsque nous faisons du sport. Caché dans notre salon à faire des DVD ou dans le fond des gyms pour femmes. Et surtout, on n'investit pas dans des vêtements de sport parce que de toute façon, elles ne l'utiliseront que quelques semaines, le temps de perdre leurs kilos en trop (qu'elles reprendront) ou pour elles abandonneront un mois ou deux après. À quoi bon?
Après 6 ans en «pointillé», je n'ai toujours pas abandonné l'idée! Et on commence à être plusieurs dans ce cas...
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