J’avais commencé à écrire autre chose pour ce matin. C’était
un truc un peu rigolo. J’avais laissé le document ouvert sur mon ordinateur,
question de peaufiner le texte ce matin. Et après, il s’est passé un truc
beaucoup moins joyeux, mais tout aussi intense. J’ai relu mon texte d’hier cinq
ou six fois et j’ai ouvert un nouveau document…
* * *
Ma mère se définissait elle-même comme Mystico-eso-pétée.
Dans son cas, ça dépassait les simples croyances. C’était des «connaissances».
Elle ne croyait pas, elle savait. Elle avait étudié et aurait pu mettre sa tête
sur le bûché pour défendre ses «connaissances». Elle a déjà eu une solide prise
de bec avec un de mes anciens amoureux qui avaient voulu discuter d’un point particulièrement
discutable. Il avait sorti quelques arguments scientifiques et je me souviens
que ma mère s’était mise en colère. Elle l’aurait mis dehors si nous n’avions
pas été à 3h00 de route de Montréal.
Réincarnation, programmation cellulaire nommez toutes celles
qui vous viennent en tête et vous n’aurez mis le doigt que sur 10% de ces
fameuses connaissances.
On en discutait peu. J’ai hérité du côté un peu pragmatique
de mon papa… Une maman qui croit à l’homéopathie et un papa pharmacien… Vous
voyez de quelles fibres je suis faite? Je
disais donc qu’on en discutait peu parce que j’étais un peu résistante à ce
genre de choses.
Petit traumatisme d’enfance où elle nous traînait mon frère
et moi dans des séances de «Channeling» où nous faisions la connaissance de personnages
plus bizarres les uns que les autres. J’avais plus envie de ça… Alors mon non-verbale
devait lui annoncer que je résisterais. On discutait plutôt psychologie… Mais
quand elle glissait dans ses théories, je me reculais dans ma chaise ou je
demandais un second café. Je résistais tellement que j’ai mis des années à
faire confiance à mon intuition. La science reconnait une part de vérité dans l’intuition,
elle ne l’explique pas encore.
* * *
Gaëlle est maladroite. On a sans doute une explication
neurologique, mais mon portefeuille ne résiste plus à la douzaine de pantalons
qu’il faut remplacer chaque à chaque saison. Solution? Réparer. Coudre.
Ma mère n’était pas seulement Mystico-eso-pétée. Elle était
aussi couturière. Elle a eu la patience de m’apprendre à faire fonctionner une
machine à coudre. Mais je déteste ça… Genre vraiment. Je n’ai pas cette
minutie.
Hier soir, chéri a sorti la machine à coudre. Ça partait une
bonne intention. Mais je me suis crispée quand je l’ai vu trôner sur la table.
Arkeuuuuuh!
- - T’inquiète! C’est moi qui vais la recoudre.
Mais visiblement, il ne savait pas comment faire suivre les
fils.
- - Tasse-toi! Je vais le faire.
Ça faisait plus de 10 ans que je ne l’avais pas ouverte. Je
me suis assise, perplexe. Et mon instinct m’a guidé. En quelques secondes, mes
doigts ont trouvé le chemin. Placé les bouts de tissus, expliqué à Gaëlle tous
les petits trucs. Tension du tissu, enlève tes doigts de là, pédale doucement…
C’était magique… Tous les gestes que ma mère m’avait
transmis… Ils se déroulaient sans trop que j’y pense.. Je regardais Gaëlle
mettre ses mains de chaque côté du pied et un frisson m’a traversé le corps.
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