Scène dans
la voiture:
-
Maman? Quand je vais être une maman et que je
vais avoir des enfants, tu vas être morte…
Ça fait parti des phrases que Romy me lance régulièrement…
Une espèce de bouée vers la réalité qu’elle me lance régulièrement. Comme si
elle avait été mandaté par la vie de me ramener vers la réalité, les deux pieds
dedans.
Quand ma mère est décédée, j’ai su très rapidement que je
venais de m’enfoncer dans un tunnel très long. Que peu importe la façon dont je
recevais ça, j’avais pas de pouvoir sur la longueur du tunnel et sur le temps
que je mettrais pour le traverser.
Alors de me rouler en boule dans une garde-robe et d’y
pleurer toutes les larmes de mon corps était inutile. Tout ce que j’arriverais
à faire serait de faire couler tout ce que j’avais de précieux autour de
moi : Famille, amoureux, travail…
Alors j’ai ouvert la porte du tunnel et j’ai attendu. Par
contre, j’avais pas pensé que d’y entrer ne me mettrait pas à l’abri. J’avais
l’impression que je n’aurais qu’à marcher tranquillement. Mais dehors, le monde
gronde et fait des secousses qui ralentissent ma route.
Mon boulot, ma famille… Le monde tremble… Et je dois garder
pied si je veux traverser le tunnel.
Et je n’avais pas imaginé que tout ce que j’avais de deuils
pas réglés s’engouffreraient avec celui-ci. Pour moi, faire son deuil voulait
dire laisser s’endormir la douleur. Mais tous les amours, relations, situations
qui s’étaient simplement endormis ont fait la queue pour entrer avec ma maman
dans le tunnel. Alors il y a un bouchon… Je suis bloquée! Et ça gronde dehors…
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