Déménagement futur oblige, on a sorti quelques nombreuses
bibliothèques de la maison. Ça aère, ça agrandit, ça épure. Ça fait du bien.
* * *
Je me dirige vers la salle de bain. Je sais que Gaëlle y est
déjà, elle se brosse les dents. Mais le temps que je m’engage dans le cadre de
la porte, elle sort en coup de vent. En passant, elle me marche sur les orteils
sans même se retourner.
-
Eh! Tu m’as marché sur les orteils!
-
S’cuse! Je pensais que c’était la patte du
secrétaire!
-
C’est que le secrétaire est le long du mur et
moi je suis de l’autre côté!
Elle soulève les épaules et continue son chemin!
-
On s’excuse quand on bouscule quelqu’un! Même
quand on fait pas exprès!
Elle croit encore que de m’ignorer peut laisser croire qu’elle
ne m’a pas entendu…
Mais reste qu’elle m’a confondu avec un meuble… Et si je
note la chose, c’est que ce n’est pas la première fois que je me sens comme ça…
Je suis un meuble… Quand elle aura faim, elle me confondra avec le frigo! Elle
va picosser… Jusqu’à ce que ce qui s’approche d’elle la nourrisse! Hier matin,
elle a quitté la maison sans même m’embrasser!
-
J’avais peur de manquer mon autobus!
Pourtant, je suis une mère présente. Assez même… Okay! Je m’enferme
dans les toilettes en espérant qu’elles m’oublient là! Mais quand même… Je crie
juste assez souvent pour ne pas qu’elles m’oublient. Mais elles me confondent
avec la patte du secrétaire. Si un écran est ouvert, clairement, je suis un
grain de poussière!
* **
- Mamannnnnnnnn! SMAK! SMAK!
- Ah! Maman! bisou bisou bisou! Prends-moi! Prends-moi!
- Mamaaaaaaaaan! Tu étais oùùùùùùùùùùùùù?
Je suis disparue de la planète terre 24h00… Je fais ça moi!
Je pars et je dis pas quand je vais revenir. Je le savais quand je reviendrais.
Mais elles n’ont pas besoin de le savoir.
Je fais rien d’extraordinaire. Je ne rentre pas dormir… Idéalement,
je m’occupe de moi. Mais je peux aussi me beurrer la face avec des copines. Je
peux trouver un petit coin pour méditer ou pour lire toute la journée dans le
silence le plus complet. C’est pas vraiment important.
Mais chaque fois, CHAQUE FOIS, quand je rentre, je me rends
compte à quel point je deviens un meuble… Et que tout-à-coup, Je retrouve de ma
présence et de mon importance… Et c’est délicieux de sentir qu’elles se sont
ennuyées.
Quand Gaëlle était petite, j’avais fait remarquer à ma mère
que ma fille était «très papa!». Croyant que ça me blessait, elle m’avait dit :
«Attends qu’elle soit malade ou qu’elle se fasse mal! C’est toi qu’elle va
réclamer!» Mais en fait, j’ai toujours aimé que mes filles s’affranchissent de
moi. Qu’elles aillent voir ailleurs. Je les ai toujours encouragées à
satisfaire leurs besoins avec autrui! Je les ai mis au monde pour qu’elles
fassent parti de la société. Pas pour qu’elles engraissent mon orgueil
maternel! Quoi que… ;-)
Mais quand j’ai l’impression d’être une tapisserie… D’être
juste la mouche qui bourdonne dans l’oreille : «Oublie pas ta boîte à
lunch!»
Mais je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé délicieux que
ma fille veuille venir lire son livre près de moi pendant que je faisais ma
sieste. Que mon autre aie subitement envie que je regarde la télé avec elle.
Et secrètement, que mon chéri pense à sortir mon chargeur de
cellulaire oublié dans ma voiture.
* * *
- ARGN*$?&$? ° (*$?&(*$?&!!!!! Qui s’est
qui a mis le secrétaire là????
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