J’ai deux émotions : Fatiguée et au Nirvana. On dirait
que toutes les nuances entre ces deux pôles sont disparues. Bien que «fatiguée»
ne soit pas une émotion, c’est ce que je réponds toujours à quelqu’un qui me
demande «Ça ne va pas?».
Je n’arrive plus réfléchir à ce qui se passe en moi. Alors c’est
plus simple de répondre «Je suis fatiguée, t’inquiète!» À force de le dire
autour de moi, j’ai fini par me croire. Croire que tout ça n’est que de la
fatigue. Tellement que toute émotion, bonne ou mauvaise va se loger sous mon
sternum en une grosse boule qui gêne ma respiration.
Quand je parle de ma nouvelle maison qui va provoquer une
nouvelle vie, je ne peux qu’être qu’aux oiseaux et complètement excitée, au
Nirvana quoi! Impossible de vivre d’autres émotions, d’autres peurs! Ça ne peut
qu’être merveilleux.
Du coup, je ne peux plus pleurer. Je n’ai plus le droit d’être
cette boule d’émotions chromatique. Bipolaire sans mon consentement. Peur
incroyable d’ouvrir le robinet que toute la pression soit lâchée d’un coup. J’aimerais
dire des choses, faire «send» sans me relire 100 fois de peur de dire une niaiserie. Je
veux dire, je veux te dire, je veux te partager mes émotions sans paraître
folle à lier.
Je voudrais percer un petit trou dans ma balloune émotive et
laisser s’écouler goûte à goûte mon excitation, mon amour, ma peur, mon
angoisse.
Mais la pression est trop forte on dirait…
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