sur du papier...

J’ai un Bac universitaire... Certaines mauvaises langues diront «pour ce qu’il vaut»... Est-ce que c’est faux? Pas totalement… Mais… Toujours est-il que ce bout de papier atteste que je suis supposée être dotée de la capacité de faire des synthèses, des analyses et de l’autorégulation de la progression de l’actualisation de ces dites capacités.
Et si vous vous dîtes que ma seule capacité à utiliser de beaux mots qui font plus de 2 syllabes fait de moi une personne apte à apprendre à lire et à compter à vos enfants, si j’étais vous, je me badigeonnerais le doigt d’antiseptique et me préparerais à le plonger profondément dans mon œil… (Phrase de 57 mots).
Mais je devrais gérer pleins d’affaires, pleins de problèmes et voir d’un œil zen et froid la progression des apprentissages de 18 petits rois. Il paraît que je devrais. La réalité est bien différente.
Ouais, pis un matin, le processeur de mon cerveau en peut plus. Il jette un paquet d’affaires sous le tapis. D’abord méthodiquement en priorisant. Et un jour, tout se ramasse dans la case «urgente», y’a la case «Faire ça me donnerait un sentiment de compétence et me rendrait heureuse» qui pousse derrière avec ses couleurs alléchantes, mais sa surcharge de travail parce que cette case là existe pas dans ma définition de tâche…
Et le processeur finit pas de gérer les «virus» laissés ci et là par des affaires qu’on a pas demandé. La simple ventilation ne fait plus.
Le matin où tu regardes ton bureau avec ses douzaines de post-its qui frisent du coin, qui se voulaient le maillon d’un système ingénieux de gestion des cases, tu as envie de faire comme dans les films. D’un geste ample et régulier, allonger le bras, de gauche à droite, jeter tout par terre.
Quand j’arrive LÀ! Je sors mon agenda de planification et mon paquet de crayons d’urgence. Méthodiquement, je recopie ma planification hebdomadaire. Je colorie les numéros de date en sortant le bout de la langue. J’écris «éducation physique», «musique» et «anglais» dans les cases appropriées. Je regarde le temps filer sur l’horloge, le coin des post-its qui se font une permanente. Puis je me mets à plat ventre par terre. J’étale le reste de mes Sharpis. Je dessine le portrait de l’infirmière qui viendra vendredi en 8. Puis, je dessine quelques fractions mardi à la 4e période.
Le bout de mes chaussures frappe ma chaise qui roule régulièrement.
-     Toc ! Toc! Toc!
Je me couche la tête sur mon cahier. Peut-être si je ne bouge pas… Et j’entends les pas repartir dans le corridor.

À l’air où je suis supposée gérer ça comme une grande fille, je sors mes crayons à colorier et je me cache sous mon bureau. 

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