Ô ! Toi le grincheux !

Celui qui est un peu de mauvaise foi… Qui exprime tes émotions au compte-goûtes. Qui prend la parole plus souvent pour manifester ton désaccord que l’inverse. Qui est maladroit lorsque tu dois entrer dans la sphère de l’émotif, du sentiment. Qui préfère largement le malaise du non-dit que la vérité qui te rend vulnérable. Qui fuit le consensus pour la dissidence !

Oui ! Toi ! Tu sais quoi ? Je t’aime…

C’est incroyable comme tu peuples ma vie… Amis. Collègues. Je dois confesser que je préfère LE grincheux à LA grincheuse… D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi, mais le féminin de grincheux est plutôt Frustrée ! Comme si l’amertume chez une femme vient forcément du fait qu’elle soit plutôt hum… « Mal baisée » ? Mais ça, c’est un autre sujet ! Donc ! Tu peuples ma vie et je sais maintenant te reconnaître !

Je t’aime quand tu fuis les questions qui nécessitent une réponse à développement ! Si celle-ci, n’est pas à réponse fermée, je vois l’os de ta mâchoire saillir. Automatiquement, je deviens l’enquiquineuse de service, l’empêcheuse d’évidences en rond.
Je t’aime lorsque tu roules des yeux quand j’énonce un grossier sophisme comme un fait avéré. Bien oui ! Je fais confiance d’emblée ! Alors je mets un certain temps à comprendre à qui faire confiance ou pas. Mais comme tu es économe, je sais que si tu me le renotes, c’est pour mon bien ! Parce que dans le fond, tu m’apprécies et que tu ne perdrais pas ton précieux temps à argumenter. Par contre, tu es fait fort parce que tu arrives à résister à ma déconfiture évidente ! La flaque de lait caillée sur le plancher que je deviens ne t’émeut pas du tout !  
J’aime que tu résistes à ma magie intérieure ! Que tu résistes au sirop d’érable que je suis dans ta limonade acide ! À mes carottes dans ta sauce à spaghetti. À mon carré de sucre dans ton café noir.
Je t’aime quand tu nous tiens à distance, mon légendaire optimisme et moi. J’agace, je suis un gâteau trop sucré pour lequel un verre d’eau à moitié plein ne suffit pas à étancher une soif pâteuse.

Je t’aime quand tu viens péter mes balounes ! Tu es champion toutes catégories dans ce domaine ! Quand tu ébranles mes certitudes, comme ça, pour rien. Parce que c’est dans l’ADN du grincheux !

Je t’aime, Ô ! Toi ! Grincheux pour qui les goûts personnels devraient faire foi de loi, tant que ce sont les tiens !
Mais je t’aime SURTOUT quand je te sors de ta zone de confort ! Quand tu interview un enfant de 4 ans ! Quand tu dois adresser la parole à mes filles suite à une présentation inopinée. Je le vois bien que ce n’est pas naturel ! Que tu préfèrerais nettoyer les toilettes plutôt que d’entamer une conversation ! J’aime que tu répondes à ma question par un reproche juste parce que peut-être, je vais te mettre une de MES évidences que tu ne veux pas voir en pleine face…

Ô ! Grincheux ! J’aime surtout quand j’ai réussi à te rendre vulnérable quelques secondes. 

Commentaires