Je suis une
chialeuse de haut niveau… Je dirais peut-être même de catégorie olympique. Je
chiale… Je chiale tout le temps. Trop chaud, trop froid, trop fatiguée, trop d’énergie,
trop de monde, pas assez… C’est plus fort que moi, j’ai toujours quelque chose
à commenter.
Mais dans
ma très grande lucidité, je sais très bien que mon chialage n’impressionne plus
personne. Je suis outrée ? Comme tout le monde… Non… je le suis plussss… Mais
comme je chiale tout le temps, ma montée au flambeau n’a plus d’impact ! J’ai
usé les mots, j’ai usé la parole dans du menu fretin… Alors quand il faut se
positionner, à moins de déployer un ouragan de colère, j’ai juste l’air de
celle qui s’ébroue pour rien. Parce que je le fais tout le temps.
Alors je
remarque que j’en dis de moins en moins… Je viens pour parler et j’entends dans
ma tête la réplique et je suis prise de nausées !
« Tu
dis ça chaque année ! »
Ben oui !
On dirait que je n’apprends pas ! Du moins j’essaie. Mais mon cerveau ne semble
pas enregistrer l’information. Et même si c’est comme ça chaque année, est-ce
qu’il faut vraiment que je l’accepte ? Que devrais-je changer ? Est-ce que c’est
obligatoire qu’il en soit ainsi ?
Si je
chiale, c’est que je n’ai toujours pas trouvé la solution pour que les choses
changent. Et parce que je chiale, ça me permet de te faire remarquer que ce
n’est pas normal. Je ne veux pas qu’on oublie que ce n’est pas normal.
« Ça
va passer! »
Non! Non!
Ça ne passera pas! Parce que si ça passait, j’y reviendrais pas! Ça fait 40 ans
que je suis dans ma peau et je te jure que ça ne passe pas… Que ça continue !
Que ça revient toujours!
« *Silence
malaisant* »
Je le
comprends bien dans ton silence ou dans ta façon malhabile de changer de sujet
que tu ne sais pas quoi dire… Que tu en as peut-être assez? Parce que je le mets sur le tapis à chaque
fois qu’on me laisse le micro. Parce qu’on en a discuté des tonnes de fois et
que tu as épuisé tes arguments/idées/solutions/paroles réconfortantes. Je le
sais… Ne pense pas que je ne sais/comprends/sens pas tout ça. Dans ma
sensibilité, dans « mon limbique déficient » ou plutôt dans ma
manière malsaine de maintenir tout dans la zone des émotions et de ne pas
laisser aller toutes ces choses dans la zone du raisonnement, je sens tous ces
non-dit.
C’est un
texte à la « mords-moi-le-nœud ». Il n’y a pas de solution, ni de chute.
Dans toute
ma lucidité, je devrais arrêter de parler, je devrais arrêter de me plaindre.
Ça semble l’option la plus saine et normale. Mais mon expérience démontre que
lorsque je choisis cette porte, régulièrement, tout explose. Et ce n’est pas
beau. Ça gicle et ça macule tout ce qui se trouve à proximité. Ce qui le mérite
ou pas.
Ça se
termine en « Bon Dieu! Gère toi! » ou en « Il ne faut pas en
faire toute une histoire! »
C’est ce qu’il
en coûte de me taire! Mon limbique explose littéralement sous la pression! Si j’étais
un geyser au beau milieu d’un désert de roche, ça aurait peu d’impact sur le
reste du monde. Mais comme je suis à la fois, mère, femme, amie, éducatrice, je
trouve que ça brasse beaucoup trop de monde autour de moi pour trouver ça
normal.
Alors je
fais des trous dans ma carcasse et je laisse sortir la pression… Et oui je
répète ça chaque année. Et oui ça va passer! Et oui, il n’y a rien d’autre à
faire que de m’accueillir dans tes bras et me soutenir en silence. Tu aimes
sincèrement mieux ça…
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